mardi 24 avril 2007

Sur les pistes boliviennes

Uyuni - Potosi - Sucre - La Paz - Copacabana - Tiwanaku - La Paz

A la veille de repartir sur le Chili et aprés vous avoir raconté cette nuit sur le Salar, je voulais tout de même vous faire part de mes impressions concernant cette trop brève escapade bolivienne qui a commencé voilà un peu plus de 15 jours, non loin du 22ème Sud.

Mon voyage Argentin a pris fin au terminal de bus de La Quiaca, la ville la plus septentrionnale de ce grand pays. De là, descendre les rues sous le soleil de midi, longeant les facades beiges un peu délabrées dont le crèpis s'effrite dans le calme de la mi-journée. Passer cette grande place verte et boisée et atteindre ce boulevard qui descends encore en pente douce. A gauche le long mur de soutenement de la voie ferré, sur le trottoir d'en face une station service et ce terre-plein poussiereux sur lequel dorment des camions qui s'élanceront demain à l'assaut des pistes boliviennes ou qui se reposent quelques heures avant de s'attaquer aux 2500 km qui les séparent de Buenos Aires. En bas du boulevard cet imposant batiment dont l'architecture ne peut qu'être d'inspiration de l'école frontalière dans sa période sud americaine des années 60. Le voyageur venant du sud qui se retourne pour dire au revoir à l'Argentine pourra regarder avec satisfaction et même un peu de fierté ( ne soyons pas trop modeste ) ce grand panneau vert qui indique :

Bienvenidos à La Quiaca / Ushuaia 5121 km

Commence alors cette longue heure, cette file qui avance lentement, par à coup pour recevoir le tampon de sortie du territoire argentin avec pour spectacle la frontiere qui échappe à la torpeur de midi: Ca va, viens, siffle, klaxon...

Le passeport tamponné en poche, une formalité toute symétrique se reproduit après avoir passé ce large pont qui surplombe une maigre rivière et c'est brusquement La Bolivie! Cette joyeuse foule qui emplit les rues, courbée ou disparaissant sous d'énormes charges enroulées dans ces grands tissus colorés. Les gamins déambulent, vendeurs de rues, rabatteurs de tout et rien, bureau de change tout les 100 metres ...

La Bolivie est un choc, bruyant et coloré, dont le sommet est atteinds à la gare de bus. Un chaos total, des quais envahis par des vendeurs ambulants, les vendeurs de billets pour La Paz, Oruro, Tarija, Potosi qui hurlent leurs destinations, les gars qui chargent les bagages sur les toits, ces familles entières qui débarquent avec des dixaines de paquets... Le voyage en lui même est tout un folklore. Il s'agit souvent de petits cars rehausés, chaussés de pneus 4x4, chargés sur le toit et dont l'interieur est plutôt rustique. Le tout est dirigé par une petite équipe de 2 ou 3 types de joyeuses humeur et qui vous change un pneu de bus à une vitesse impressionnante pendant que les passagers impassibles en profitent pour se dégourdir les jambes au milieu de rien. L'allusion à une petite écurie de formule 1 n'est guere loin quand on voit la facon dont sont conduit les cars. J'aurais parfois preferé ne pas savoir ce que je sais sur les bases de la conduite de véhicules de transport en commun!

Une bonne partie des routes du pays n'étant ni asphaltées ni vraiment lisses les voyages sont plutôt remuants et poussiereux. Mais un simple regard par la fenêtre peut rapidement faire oublier ce léger inconfort. La piste tourne et retourne, monte puis descends dans ce paysage grandiose entre des massifs majestueux. De Tupiza à Uyuni l'érosion de la pluie, du vent et des cours d'eau a taillé dans cette terre ocre de véritables palais, des tours, des monuments aux dimensions à peine croyable et d'une verticalité parfaite qui semble être dans un état de ruine perpetuelle mais qui imposent émerveillement et respect. Cols à plus de 4000m atteinds à grand peine par un moteur essouflé, descentes interminables, lits de rivieres, pistes perchées à flanc de montagne, lacets infinis... Encore un col et nous descendons, la piste se perd pour 5 km dans le lit d'une riviere asseché jusqu'à atteindre Atocha, village à flanc de colline qui semble perdu et ridicule au milieu de cette nature immense. Merveille encore entre Potosi et Sucre dans un autres des ces paysages gigantesques au milieu duquel serpente les méandres d'une riviere amaigrie par le début de la saison séche et qui flotte déja dans ce lit bien trop large et caillouteux.

Les bus sont chargés à plein et l'heure de départ dépends souvent du taux de remplissage du car. Il reste rarement des places assises, il y a plus souvent des gens debout dans le couloir ou bien comme hier cette petite fille au cheveux noirs et au visage cuivré qui dort par terre dans le couloir, la tête calée contre un sac de sucre le petit frère blotti dans ses bras. Reveil hagard, regards perdus quand il faut descendre à Oruro au milieu de la nuit.

Stan et moi arrivons à La Paz 2 heures plus tard, à 4h30 après 12 heures de car sans place pour les jambes et avec cette odeur du poisson chargé à Oruro. Notre tentative de finir la nuit sur les bancs du terminal sera vaine, le froid est vif, nous sommes dans un courant d'air et dès 5 heures le terminal se réveille à grand renfort de musique et au son de ces éternels rabateurs aux voix de chanteurs d'opéra: OOOOruro-ruro-ruro-ruro, Ya sale para Oruuuuro!!! ou les voix fluettes mais poussé au plus haut des femmes: A Sucre sucre sucre Ya sale!!

Nous sommes alors sortis prendre l'air et profiter du soleil levant qui illuminait l'Alto, ce haut quartier qui, vu d'en bas ressemble à une maquette de terre cuite, milliers de petites maisons emélées qui s'élèvent contre la montagne.

Il y a tant à dire et j'aurais voulu vous parler des magnifiques villes de Potosi et Sucre, leurs églises, leurs palmiers géants, cette architecture coloniale, ces parcs si agréables, les rives boliviennes du Lac Titicaca, cette nuit sous la tente sur l'Isla del Sol avec un ciel constellé d'étoiles et un croissant de lune d'une finesse incroyable, les paysages du sud. Que dire encore des ruines mysterieuses de Tiwanaku, des paysages uniques de l'altiplano, des embouteillages de piétons sur les trottoirs de ces villes grouillantes, le chaos des déplacements urbains, ces villes axphisiées par la pollution alors que l'altitude empèche déjà une respiration normale, la jeunesse de ce pays ou, dans les parc le dimanche aprés midi, il n'y a ni une balancoire, ni un tobogan ni un tourniquet qui ne soit occupé par des foules d'enfants. Il y a tant à dire alors même que cette partie du voyage me semble avoir cruellement manquée d'approfondisement mais j'ai peur que mon blog ne se transforme en un roman un peu indigeste ou en un puissant sédatif.

Mais vous aurez compris le principal, ce petit crochet hors programme fut un régal, le reste j'aurais à vous le raconter en rentrant. Je laisse Stan ici à La Paz aprés 15 bien agréables jours de voyage partagé. Je repars demain pour le Chili à Putre ou j'irais randonner quelques jours dans un parc naturel. La marche et les nuits sous la tente commence à me manquer.






Désolé je n'avais pas de photo en rapport avec mes paragraphes alors c'est un peu du vrac!

Photo 1: Coucher de soleil sur le Lac Titicaca
Photo 2: Pause dejeuner du chauffeur entre Tupiza et Uyuni

Photo 3: La campagne dans le sud.

Photo 4: Transport interurbain en arrivant à La Paz

Je vous retrouve dans 2 petites semaines à Lima, à la veille de retrouver de nouveaux compagnons de voyage.

D'ici là portez vous bien et profitez bien du printemps.

Benoit

jeudi 12 avril 2007

Una noche en el Salar

Tucuman -Humahuaca - La Quiaca - Tupiza (Bolivie) - Uyuni

Je suis en avance mais je ne pouvais pas ne pas vous raconter cette formidable nuit sur le Salar d'Uyuni en Bolivie...

Car oui me voilà en Bolivie après avoir traversé le nord de l'Argentine ( le stop n'a finalement pas si mal marché) et passé la frontière entre La Quiaca et Villazon. Une fois du coté Bolivien, on sent très vite le changement, tout est beaucoup moins organisé, il y a très peu de voitures, les batiments sont rudimentaires et peu soignés, les vendeurs ambulants emplissent les rues... C'est un véritable dépaysement, parfois un peu déroutant.




C'est en passant la frontière que j'ai rencontré Stan, un belge en voyage par ici avec qui nous décidons de faire un bout de route ensemble.

Deux jours plus tard nous voilà donc à Uyuni, ville du Sud Ouest Bolivien célebre pour son Salar, une sorte de lac salé de plus de 12000 km carrés mais totalement à sec! 100% Sel !

Pour en profiter, l'option la plus courante et la plus vendue est le tour organisé. Pour résumer, on entasse 7 gringos dans un vieux 4X4 fumant et on va balader ce petit monde sur cette étendue de sel, ménageant d'assez nombreuses pauses photos ainsi que des arrêts dans des petits villages qui se résument à une vente d'artisanat. Pour Stan comme pour moi cette option ne nous emballe pas vraiment, notre rêve serait de profiter du Salar pour nous tout seuls, dans un petit coin tranquille et y passer la nuit, quitte à n'en voir qu'une petite partie. Après une rapide pêche aux renseignements, nous voilà donc décidé à partir à pieds vers le Salar, le sac sur le dos pour y passer la nuit. La providence mets sur notre chemin Scott, un écossais bien nommé qui nous avance de plus de 25 km ce qui sous cette chaleur est plutot agreable.
Nous voilà donc vers 16h face au Salar, le rêve est à porté de main (ou plutôt de pied) car il reste une seule petite formalité remplie sans trop de problème, le passage à gué. Et oui la saison des pluies n'est encore pas loin et une partie du Salar est sous une fine couche d'eau. Les chaussures à la main, les pantalons remontés et le sac sur le dos, nous voilà partis, cap sur un endroit qui nous parait faire l'affaire.

Passé les zones humides, un coin au sec est trouvé, la tente planté nous n'avons plus qu'à admirer cette étendue vertigineuse qui donne l'impression de marcher sur la mer ou de s'attaquer à la conquête du pôle sud. Nous avons droit à un coucher de soleil merveilleux en maxi-kino-overamax 370 degrés, se reflétant sur cette étendue de sel.




Puis voilà la nuit, plutôt fraiche et un ciel un brin menacant qui n'entame en ( presque ) rien l'enthousiasme provoqué par le fait d'être là, seuls sur ce fameux Salar ou règne un silence absolu. Le diner avalé et la nuit maintenant bien tombée, il s'agit de se protéger du froid piquant. Pour moi ca va aller mais pour Stan c'est un peu plus compliqué, il n'a pas de tente et dans la mienne il n'y a qu'une place. Technique du "rouleau de printemps dans couverture de survie" pour lui donc, en ésperant que le vent ne forcisse ni ne tourne. Le ciel nuageux ne nous offre pas autant d'étoiles que nous aurions aimé mais qu'importe, la nuit sera belle.

Sur une étendue salé sans le moindre abri la nuit est rude pour le campeur à la belle étoile mais la récompense d'un beau lever de soleil suffit à réjouir mon compagnon de voyage qui a frolé la congélation à l'heure la plus fraiche de la nuit, le vent ayant bien évidement tourné et forcit.
Il est vraiment difficile d'expliquer ce qu'on ressent en marchant sur cette mer de sel, avec un horizon large comme nul part ailleurs, sur ce sol désespérement blanc. C'est quelque chose de merveilleux, doublé du fait d'y être arrivé par soi même et évité la "ruta del gringo".
En fin de matinée nous repassons ces canaux qui bordent le Salar avant de rentrer sur Uyuni avec, dans les yeux rougis par la violence de la réverbération, des images incroyables et un souvenir unique de notre passage dans cette partie de la Bolivie.
Le voyage continue donc à deux pour encore au moins quelques jours à travers la Bolivie, je vous tiens au courant.
Benoit

mardi 3 avril 2007

Bienvenue en terrain hostile...

Valparaiso - Villa Giardino ( Cordoba ) - Tucumann

C'est en faisant doublement mentir le titre de mon blog que l'aventure continue. Tout d'abord je marche moins, car la marche va bien avec le stop, et le stop, vous aller le voir ne marche plus trés bien. Et puis je ne suis plus entre la cordillière et le Pacifique. J'ai traversé les Andes une nouvelle fois après avoir dit au revoir à Valparaiso. Je remonte par l'Argentine dont je suis tombé sous le charme avant de continuer par la Bolivie pour rejoindre le Pérou.
La photo: Quelque chose dont je ne me lasse pas, la simplicité d'une soirée au coin du feu ...

Mon passage en Argentine commence par une nouvelle visite chez Amélie, Gustavo et Amos, leur petit garçon. Une semaine à dormir beaucoup, me régaler de plats végétariens préparé de main de maitre par mes hôtes, jouer au tonton avec Amos ( que mes nièces et neveux me pardonnent cette infidélité ) et partager de bons moments avec cette petite famille qui rayonne de bonheur.

La photo: 3 ans et demi et déjà plus bricoleur que moi, ce gamin m'épate!

Puis j'ai repris la route...

Retour sur un après midi en enfer:
La journée avait plutôt bien commencée. En moins de 3 heures j'avais fait presque 200 kms grâce à un sympatique Berrichon en vacances dans le secteur. Ce matin la route est rectiligne, nous avancont au milieu d'un lac salé quasi asséché! Aprés un rapide casse-croute avalé à l'ombre de cette station service posée au milieu de rien, je relève le pouce vers 12h30 sans me douter un instant que j'allais vivre une des pires après-midi de la douzaine d'années que compte ma carrière d'auto-stoppeur. Et je dois le reconnaitre, après 6 heures au bord de la route sous un soleil de plomb, j'ai abandonné!
La photo: Un lac salé c'est déja pas toujours gai mais quand il asséché, c'est encore plus acceuillant... Une route et puis rien.

Je n'aime pas l'inaction, alors quand le stop ne marche pas, j'avance à pied. Mais sous cette chaleur, on avance pas bien vite, 2 km par 2 km qui vous coute à chaque fois un bon litre d'eau. Je n'ai donc pas beaucoup fait de kilomètres à pied mais encore moins en voiture puisqu'en 6 heures pas une seule ne s'est proposé pour m'avancer!! J'ai vérifié que je n'avais rien de particulier sur la tête, je n'avais pas l'air plus crade que d'habitude, ma braguette était en place... quoi donc alors, faut-il que je me rase, que je me coupe les cheveux comme me l'a conseillé ma mère?! Après 3 heures sous cette écrasante chaleur, j'aperçois enfin un bus... je fais signe... mais il ne s'arrête pas non plus... il doit vraiment y avoir un truc!
Pas grave que je ne dis, Benoit en a vu d'autres, ça fait 6 mois qu'il est sur la route, il ne va pas ce laisser abattre par 3 petites heures de stop infructueux!! Il lui en faut plus au gars... en même temps dans cette espace hostile, et à déjá 10 km de ma station service j'ai commencé à me poser des questions sur la tactique à adopter. Il n'y a pas grand trafic sur la route, un véhicule toute les 5 minutes environ, juste le temps de s'assoir et on en voit un arriver au bout de la ligne droite. La tactique donc... il est maintenant 18 heures, dans une heure le soleil se couche, si personne ne m'a pris d'ici là, c'est bien simple, il ne me restera plus qu'à trouver une cachette pour planter la tente ou profiter de la douceur du soir pour marcher jusqu'à la prochaine ferme qui ne semble pas être tout près.
Mais que vois-je au loin... si c'est un bus... il est encore loin, je me mets au milieu de la voie pour faire des grands signes avant de regagner le bas coté, si jamais il n'avait vraiment pas envie de s'arrêter!! Quel soulagement quand enfin j'ai vu qu'il ralentisait mais surtout quand ses roues de droites se sont lentement décalées vers le bas coté, soulevant la poussiere dans la lumiere rouge du jour déclinant, signifiant clairement qu'il s'arrètait pour de bon... L'acceuil est plutôt chaleureux; avant d'avoir le droit de mettre un pied dans le bus il faut sortir la monnaie alors que cette formalité est normalement éffectuée à bord... Je dois vraiment avoir une tête de truant malgré mes airs de gringo!!

C'est en discutant avec des Argentins à Tucuman que j'ai appris que par ici on ne s'arrête pas sur des routes désertes comme celle ci de peur de l'embuscade!
C'est une triste nouvelle, me voilà donc contraint a priori d'abandonner le stop pour contiuner ma route en bus. Le stop me permet de faire des tas de rencontres avec des gens qui bien souvent sont du coin et vous conseille toujours des bons plans, vous dépose là ou il faut... avec le bus tout sera différent... Mais il va falloir s'y faire, en Bolivie comme au Pérou le stop sera de toute facon à oublier. Mais je veux croire que j'ai emprunté hier une route maudite et que d'autres chemins existent, plus acceuillants... avant de rendre les armes, je tenterais donc une derniere fois le stop en repartant d'ici... j'vous raconterais.

Enfin bon, me voilà maintenant au nord et je vais devoir me faire à ce nouvel environnement, beaucoup plus hostile à l'auto-stoppeur que je suis.
Fini les nuits sur cette herbe grasse qui, associé à une terre molle, offrait mieux qu'un matelas, ici on plante ça tente sur un sable épais qui recouvre un sol dur. Fini l'eau claire et pure en abondance qui dévale les montagnes, bienvenue au pays des lacs salé et de l'eau rare et douteuse. Ici le soleil ne réchauffe pas, il passe à tabac! Il faut aussi oublier l'ombre au bord des routes, ici les arbres sont plus petits que moi et leurs feuilles pas bien épaisses. Mais bon, c'est juste le temps de s'y faire... et j'vais pas me plaindre quand même, je suis là ou j'ai envie d'être et commence un nouveau voyage dans le voyage.

Voilà je vous demande de pardonner mon penchant pour les titres pathétiques.


Sinon, l'aventure continue pour Ophélie et Régis au Pérou pour ceux qui rêvent de sommets et qui veulent voir de belles photos de la Bolivie: http://orevasion.hautetfort.com
Et pour ceux que tente un petit voyage au Mexique avec Christophe le compagnon des meilleurs sessions surf , je vous recommande ses belles aventures: