mercredi 21 février 2007

Le bonheur... entre les iles!


Puerto Natales - Puerto Montt - Lenca - Puelo - Llanada Grande - El Bolson ( Argentina)

Vendredi 09 février - 6h30: Un soleil flamboyant illumine le ciel, passant avec force entre ces strates horizontales de nuages, il inonde l'air de cette lumière orange, carressant Puerto Natales qui sort de sa torpeur en laissant s'échapper de ces centaines de cheminés de maigres filets de fumée qui s'incline doucement vers le Sud. C'est donc à ce magnifique spectacle que j'ai droit en guise d'adieu du grand sud, je suis là sur le pont du bateau qui partira d'ici quelques minutes vers Puerto Montt.

Le grand sud! Cette force magnétique étrange qui vous attire dans ses bras en même temps qu'elle vous chasse à coup de vents, de pluie et de froid. C'est donc ce matin la fin de deux mois et demi de cette drôle d'histoire d'amour et de haine, d'enchantement et d'abatement, bonheurs et peines... Quelque chose d'entier et de sauvage qui se passe au fond des tripes!

Jamais je ne pourrais oublier ces vents incroyablements puissants, ces paysages grandioses, ces lumières uniques, ciels merveilleux, la vision du Cap Horn majestueusement drapé dans sa brume, les immenses steppes silencieuses de la Terre de Feu, la beauté sauvage du Détroit de Magellan. Quel autre sentiment alors pourrais-je avoir qu'un savant mélange entre l'infini tristesse de le quitter et l'immense joie de l'avoir vaincu à ma manière!

Mais revenons sur le bateau, la nuit a été rythmée par le chargement, les alarmes de recul des camions, ces chaines d'arrimage qu'on traine sur le pont, les sifflements des manoeuvres, l'agitation des chevaux dans les remorques... Car le navire est avant tout un roulier chargé de relier le sud au nord puisqu'il n'existe pas de route cent pour cent chilienne entre Punta Arenas et le reste du pays. A bord donc, veaux, vaches, cochons... et 120 passagers presque tous Allemands, Américains, Suisse ou Français.



Ce matin enfin les bruits ont changés, le bateau a vibré differement, cette fois c'est sûr, nous partons, les ancres remontent lentement, les amares rejoignent le bateau et, centimètres par centimètres nous nous éloignons de cette mince jetée. Le Fjord Ultima Esperanza qui baigne Natales s'éloigne et commence l'enchantement dans cet étroit goulet où l'on a l'impression de pouvoir toucher ces forets qui s'élèvent subitement hors de l'eau. Devant nous 1500 kilomètres et 10 parallèles, 3 jours et 3 nuits entre iles, presqu'iles, canaux, fjord et peninsules... Un dernier cadeau du grand sud!



Le premier jour est exactement comme je l'avais imaginé, nous navigons sous un ciel bas et menaçant, le vent puissant du nord balaye le pont de ses 45 noeuds, nous sommes momentanément avalé par des grains mais malgré ce triste temps la magie opère et un veritable charme se dégage de ce royaume de la pluie... Nous doublons sur tribord les iles Diego Portales, remontons le détroit de Collinwood, puis l'alignement du Canal d'Andrès, face au iles Madre de Dios.








Le soir nous virons brusquement à l'Est et quelques instant plus tard, on commence à entendre de petits bruits contre la coque, faibles et espacés d'abord puis de plus en plus fréquents et sonores...!?!



Nous navigons au coeur d'un fjord dans lequel se jete un glacier qui déverse dans les eaux claires des milliers de glaçons de plus en plus gros à mesure que l'on s'en approche... puis le bateau ralenti, s'imobilise et le silence se fait devant ce glacier témoin d'une autre ére ou cette partie du monde était sous la glace. Un instant magique, juste avant que tombe la nuit!





Le lendemain commence avec un timide lever de soleil mais surtout par l'arrivée à Puerto Eden, petit village de pêcheurs perdu dans les canaux, caché dans une petite baie, protegé du Canal de Messier par un écran de fines iles. De poste météo, la baie est devenu un village construit de toute pièce par le gouvernement pour sédantariser les derniers indigènes qui vivaient là navigeant entre les iles sur leurs barques. Le village est magnifique, maisons et barques d'un beau jaune soutenu ou d'un rouge vif. Notre bateau s'immobilise dans la baie et les marchandises qui s'arrêtent là sont transvasées sur des petits bateaux qui gagnent ensuite une minuscule jetée. Nous débarquons de la même façon et disposont d'une trop petite heure pour visiter le village qui s'étire autour de l'unique rue sur pilotis qui relie les maisons.

Quand nous quittons le village, le temps devient franchement parfait, plus un nuage, nous fendons des canaux transformés en miroirs, le vent est tombé, et là le décor devient impossible à décrire tant on à l'impression de naviguer dans un paradis marin, le bleu marine des canaux, les milles nuances de vert sur ces iles vierges, le bleu pur de ce ciel, le vol des albatros qui nous accompagnent, l'enchevetrement à l'infini de ces bras de mer...








J'ai beau implorer les dieux de la métaphore, de la personnalisation, de l'oxymore ou que sais-je encore, toutes ces belles figures de style dont seuls les profs de français détiennent le vrai secret se refusent à moi! Le dieu de la métaphore me réponds qu'il est un peu facile de ne l'implorer qu'après avoir dépensé autant d'adjectifs en si peu de lignes dans le second paragraphe! Les autres me répondent que quand je ne ferais plus de fautes d'orthographes, ils s'occuperont de moi. Donc désolé il ne vous restera plus qu'à vous contenter de ces quelques photos et attendre que je rentre pour que j'essaye de vous raconter tout ça.





Quittant le large canal de Messier nous nous engageons entre le nord la grande ile Wellington et sa petite soeur, la little Wellington, au loin l'horizon se dégage et dans l'après-midi nous gagnons le Golfe de Peines puis la haute mer pour contourer la Péninsule de Taitao. Le soir nous avons droit au plus parfait des couchers de soleil sur un pacifique incroyablement calme... Deux petits mètres de houle bercent le bateau... La nuit s'accouder à la proue et, dans un calme tout juste troublé par le ronflement des machines et le bruit de l'eau qui glisse contre la coque, admirer un beau ciel étoilé au dessus des canaux dont j'avais tant rêvé.

Une telle chance ( Il fait ce genre de temps 10 jours par an d'après le capitaine ) ne pouvait durer deux jours consécutifs, et pourtant, le miracle se reproduit le lendemain, et la naviagtion continue sous un ciel azur tout juste zébré de quelques fins cirrus! Cette beauté simple, calme, vierge est émouvante! Sur babord les iles sont de plus en plus basses. Sur tribord les entrées succesives des fjords d'Aysen puis de Puyuhuapi. Derrière le relief s'élève vite et je contemple maintenant les montagnes que je longeais en marchant sur la Carretera Australe... Cerro Maca, Melimoyu et bientôt le Volcan Corcovado qui donne son nom au golfe ou résident des centaines de baleines bleues... Eblouis par le soleil nous voyons de temps à autre surgir les sprays d'eau salée de leurs expirations, leurs dos frôlent la surface puis elle disparaissent de nouveau... une émouvante danse, rythme lent des respirations... on ne les voit pas mais les devine, elles sont là et c'est bien suffisant...

Le soir longer la grande ile de Chiloé, vouloir retenir le temps, comptempler de nouveau un coucher de soleil formidable en partageant un verre de rouge avec ses compagnons de bords...

Le lendemain quand nous nous reveillons nous sommes déjà au port, les deux ponts ont été vidés de leurs camions sans qu'on entende rien, aurions nous trop bu hier soir, les rires de mes camarades de bords résone encore dans ma tete!

La Féerie des Canaux de Patagonie...






A Puerto Natales j'avais retrouvé Neil, mon américain à vélo dont je vous avais parlé début novembre! Trois mois plus tard je tombe donc sur lui en marchant dans la rue. A croire que le destin s'arrange toujours pour faire se rejoindre les chemins de ceux qui sont fait pour s'entendre. Je vous ai assez parlé de lui pour que vous le connaissiez un peu plus. Voici donc le bonhomme, la jeune cinquantaine heureuse après 25 années à travailler comme prof d'anglais et à voyager autour du monde à un rythme qui me plais bien! Lenteur et patience. Nous sommes définitivement fait pour nous entendre, j'éspere bien recroiser sa route un jour pour l'entendre encore me livrer une des merveilleuses histoires qui repose dans son cerveau!



A Puerto Montt je retrouve la chaleur et le soleil qui n'avait tant fait défaut dans le sud. Quel bonheur que de pouvoir se promener en T-shirt, dormir sous la tente sans chausettes ni polaire, profiter de la douceur du soir... Et puis sur la route que j'ai pris je croise enfin plus de Chiliens que d'européens, américains ou australiens, et c'est bien sympa de partager le feu du soir avec des chiliens qui vous parle de leur pays, qui vous font comprendre le pourquoi des choses qu'on a pas comprises... des jeunes qui vous parle des problèmes du système d'éducation, de leur vision assez triste mais réaliste de l'amérique latine.




Je me sens parfois mal à l'aise quand je leur explique que seulement 3 ans d'économie me permettent de voyager 9 mois alors qu'en travaillant 15 ans quelqu'un qui aurait le même genre de travail que moi ne pourra jamais voyager 5 mois en Europe! Ou est la justice? Pourquoi le travail vaut plus cher d'un coté que de l'autre de l'atlantique? Malheureusement la base du système est assez simple, pour qu'il y est des riches... il faut qu'il y est des pauvres! Et vu que le nord essaie de concentrer toujours plus de richesse l'avenir est assez sombre de ce coté du monde! Les années passent, on sait toujours plus de choses mais le pillage de ce continent qui était sans doute le plus riche en matières premières continue. D'une autre façon mais avec finalement les mêmes résultats.




Esperons donc et faisons en sorte qu'un autre monde soit possible pour que les enfants de jeunes que j'ai croisé sur la route puisse un jour avoir une vision plus optimiste de leur avenir.




La route à donc repris mais j'en ai déjà trop écrit pour vous épargnez mes dernières aventures, je tache de vous redonner des nouvelles sous 15 jours!




A bientôt


Benoit



lundi 5 février 2007

Quand manque l'inspiration...

Usuhaia - Rio Grande - Porvenir - Punta Arenas - Puerto Natales

Et oui, cette fois l'inspiration me manque un peu, j'ai pourtant bien cherché, passé pas mal de temps devant mon petit cahier rouge mais ça ne veut pas, ça ne vient pas! Bon, hè bien pour une fois, ce sera plus court et je vous laisserais en échange quelques photos en plus. Il faut dire aussi que je n'ai rien fait pour avoir de la matière à vous livrer. Les 15 derniers jours ont surtout été consacrés au repos et à une reprise de poids qui devenait urgente.

Voici donc, résumé sous une autre forme, mes 15 derniers jours.

- Quand le soleil se lève de l'autre coté du monde:

Ushuaia donc, la ville du bout du monde? C'est du moins ce qui se dit. Moi j'y trouve deux choses à redire: Tout d'abord il y a, de l'autre coté du détroit, le petit port de Puerto Williams qui se trouve plus au sud mais surtout, à Ushuaia, on ne se sent pas du tout au bout du monde mais plutôt dans une sorte de campement touristique de luxe avec boutiques comme partout, et des tas de personnes agées qui déambulent dans les rues, le caméscope en bandouillère d'un coté et l'appareil photo numérique de l'autre. Alors certes le coin est beau mais cette ville est une horreur, une verrue coincée entre des montagnes magnifiques et le spendide Canal de Beagle!

Coincé là 5 jours par un gros coup de barre ( qui explique en partie le besoin de reprendre du poids ) j'ai tout de même eut la chance d'avoir de mon lit ( dont je n'ai pas beaucoup bougé) une vue magnifique sur le Beagle et les mouvements du port! ( Voyez vous même)
Le premier matin ou j'ai vu se lever le soleil, j'ai cru à un songe tant les couleurs étaient magiques, le deuxième matin j'ai realisé que c'était bien vrai et le troisième j'ai pensé à vous et pris quelques photos.
En repartant d'Usuhaia je me sens pris d'un élan formidable en retrouvant la piste, la poussière, les camions... et les 7000 km qui me sépare de la cité magique de Machu Pichu sont prêt à être dévorer tout cru, plus rien ne peut m'arrêter!


- Au pays des Estancias:

A Rio Grande j'ai partagé ma chambre d'hotel avec Carlos, un Péon d'Estancia. Ce sont des types courageux qui viennent d'un peu toute l'Amérique du Sud et qui vivent pour certains dans des estancias ou l'on accède seulement à cheval! Certains postes avancés ( moi je dirais plutôt reculées ) sont au fond de l'estancia, à plus de 6 heures de cheval des habitations principales de l'estancia et les gars vivent là sans eau courante ni électricité, seulement reliés au monde par une radio qui diffuse de la musique et, toutes les 3 heures des informations pratique. "L'estancia Santa Clara informe qu'une 50aine de ses moutons semblent être sortis par Rio Claro et Alta Carmen..." On pourrait croire donc que ces pauvre gars doivent s'ennuyer ferme mais il n'en est rien. Il faut toujours s'occuper de l'eau, du bois pour le feu, faire le pain, chasser et pêcher pour se nourrir, surveiller les bêtes, vérifier des kilomêtres de clôtures... Car j'ai oublié de vous préciser que les fameuses estancias ici font 10 000 hectares pour les normales et plus de 30 000 pour les 3 plus grosses! Le nombre moyen de têtes de bétails m'a échapper tant il était astronomique!
Une photo de ballade au pays des estancias. L'ancien phare de Cabo San Pablo, et l'atlantique Sud!

- Hostel Argentino:

Rio Grande est une ville sombre et assez moche il faut le dire mais j'ai frappé à la bonne porte et j'ai découvert l'Hostel Argentino, illustre institution locale qui accueille les voyageurs depuis 1923. Il y a ce petit salon, calme et bien agréable ou, en plus des souvenirs de passage, une petite bibliothèque polyglotte a fait mon bonheur. La grande salle à manger qui est baignée de soleil - les jours ou celui-ci daigne égayer la ville - et la chaleureuse cuisine sont aussi des endroits ou j'ai de bons souvenirs. Le mélange entre familles argentine en vacances, cyclistes à l'assault du continent, jeune argentin du nord en quête de fortune dans les exploitations pétrolières du coin, amèricains préssés, péons d'estancias et auto-stoppeur francais (qui ça donc?) fonctionne à merveille. Au Cabo San Pablo, nous avons acheté une monstrueuse truite de 5 kg à des pêcheurs du coin et nous l'avons partagé au cours d'un repas mémorable! ( la photo)

-Tierra del Fuego:
Après Rio Grande, je m'attaque à la traversée de la terre de feu. L'ambiance de grande vacances aux postes frontières n'est pas sans me rappeller les vacances en famille de quand j'étais gosse. Et puis je prends la route secondaire et là, tout s'arrête, le temps, le bruit, la course des planètes!! C'est une sensation impressionnante cet espace immense qu'est la grande steppe Fugénne, peuplée de Guanacos ( les cousins locaux des Lamas des hautes Andes) le silence y est impressionant, le ciel gigantesque. Sur la photo, on voit la petite baie qui baigne Porvenir et un de ces ciels immenses.

- San Isidoro:

De Punta Arenas, envie de calme et de profiter du détroit de Magellan tranquille, je pars pour une petite rando de deux jours le long du détroit jusqu'au Phare de San Isidoro. Couleurs magiques, dauphins qui m'accompagnent, petit bateau de pêche qui me salue de la main... Un calme absolu, tout juste troublé par le vent qui souffle en rafale. En face de moi la bouche de la Bahia Inutil puis l'Isla Dawson, avec ses versants boisés et au fond, les somment enneigés de la Cordillière de Darwin dont je vous parlais la dernière fois. Un décor magique je vous dit! Le soir, dormir près du petit phare, bien à l'abri dans le forêt agitée par le coup de vent. Le lendemain j'ai revu mes dauphins qui semblaient faire une petite fête: Boum d'ados? fête de famille? Anniversaire du petit dernier? Bal des pompiers? Mariage? je n'en saurait jamais rien mais c'était une sacrée fête! Ca sautait dans tout les sens, un coup sur le dos, sur le coté, sur le ventre, prise d'élan, saut en longueur... Une bonne bringue de dauphins!

- Ultima Esperanza:
C'est le nom de l'anse qui se trouve devant Puerto Natales et ça pourrait sonner un peu triste, mais ici et aujourd'hui je suis heureux, comblé, j'ai en poche le billet pour embarquer jeudi 09 pour Puerto Montt. 3 jours de navigation dans les canaux de Patagonie dont j'avais toujours rêvé. Voilà un mois que j'essayais d'embarquer sur ce bateau, un mois que chaque jour les espoirs étaient un peu plus maigres mais parfois il suffit d'y croire, de forcer un peu le destin et voilá! J'embarque donc jeudi soir et je pense donc avoir largement de quoi écrire un article la prochaine fois.
Bon je viens de me relire, c'est finalement plutôt long, aurai-je du mal à faire bref?
PS: Je m'excuse en tout cas pour les nombreuses fautes d'orthographes que je retrouve dans à peu près tout mes articles malgré mes nombreuses relectures. D'une c'est une matière ou j'ai toujours eut des lacunes et deux, je ne dispose pas ici de correcteur orthographique francais pour limiter la case!
Portez vous bien
Benoit