lundi 23 octobre 2006

Sur ma route...


Villa Giardino-Cruz de Eje-La Rioja-Aimogasta-Chilecito-Villa Union-San Juan-Mendoza

Voici des petits morceaux choisis des derniers jours entre Villa Giardino et Mendoza.

Un petit crochet par la campagne anglaise:
Je marche le long d´une jolie petite route, à l´ombre de grands arbres, ce qui est bien agréable car malgré l´heure plutôt matinale, le soleil est dejà féroce. La route serpente dans une campagne vallonée et verdoyante. Derrière de grands portails, on apercoit d´imposantes maisons aux charmes divers et incertains : Chalet Suisse?, Mas provencal?, Maison de famille à Deauville? Longère Percheronne? Et toujours, de beaux gazons fraichement tondus sur lesquels on planterait bien sa tente. C´est un peu chic et choc mais bien joli et reposant, et surtout, c´est vert, ce qui fait beaucoup de bien après les longues pistes poussiereuses de la region de La Serena au Chili. Au détour d´un village, je croise un couple de retraités plus trop jeune qui se promène les bras croisés dans le dos et le nez en l´air. Le monsieur me fait signe et m´arrête. Il me demande d´où je viens mais n´écoute pas ma réponse, persuadé que je suis de toute façon anglais et, trop content de pouvoir excercer ses talent dans la langue de Shakespeare, m´explique dans un anglais impeccable qu´il faut toujours, quand on marche le long d´une route, faire face aux voitures qui arrivent… Merci, je le savais mais en fait ce matin, je cherche plutôt l´ombre ( qui était donc de l´autre coté) et il passe ici une voiture toute les 30 minutes environ.
-"But where are you from, in England?" me demande-t-il.
-"I am French, from Nantes"
-"A french!" , puis, se tournant vers sa femme.
-" De France, de Nantes…"
Et les yeux de la vieille femme de s´éclairer:
-"A la France, Paris, Montpellier, Nice, Charles Trenet"… et d´une voix fluette de me chanter avec un magnifique accent, "Douce France, cher pays de mon enfance…" et les deux couplets qui suivent sous le regard amusé de son mari.
Je n´ai pas eu le courage de me lancer dans de longues explications pour en arriver à la triste conclusion qu´aujourd´hui, malheureusement, mon beau pays n´est plus tant que ça bercé de tendre insouciance, l´heure avancait, et je voulais profiter de cette jolie route qui me rappellait tant la campagne anglaise…

Les routiers sont sympas mais…:
Le lendemain me voilà pour trois heures de stop infructueux sur un carrefour en plein soleil ( la photo), où, par chance, passe tout le village, ce qui crée un peu d´animation. Devant moi, la route qui d´après ce qu´on m´a dit est un long ruban d´asphalte brûlant de 250 km en plein désert. Il est donc inutile d´avancer par là à pied. Ici, j´ai au moins la maigre ombre du poteau qui soutient le feu tricolore. Finalement, un camion m´emmène vers La Rioja. Le type est sympa, pas trop causant au début mais quand on en vient à parler boulot il qu'il dècouvre que je travaille dans le transport, il devient plus locace. Cette route, en effet, est impressionnante. C´est une longue ligne droite avec de chaque coté, 50 metres de coupe-feu qui sont débroussaillés et au delá, une végetation basse et éparse émerge du sable.
On en vient donc à discuter des conditions de travail de mon chauffeur dont je ne reviens toujours pas. Lui arrive tout seul de Buenos Aires, il est parti la nuit derniere ( et il est 18h ), il a fait des petit bouts de pause mais pas grand choses, on est samedi soir et il lui reste des bornes à faire. Et c´est pour tout le monde pareil. Il n´y a pas de réglementation du temps de travail, alors ici, on meure beaucoup sur la route. Les accidents de camions, et même de car, ( dont les conducteurs travaillent à peu pres de la même facon ) sont tres frequents. Souvent le chauffeur s´endort dans une ligne un peu trop droite ( “ Comme celle là ?” dis- je en vérifiant que les paupières de mon conducteurs sont toujours bien ouvertes)ou dans un dèpassement un peu hardi...
Je laisse mon chauffeur à Patquia, bien content d´être encore entier, et lui souhaite bien du courage pour les 3 heures restantes, sans pause de prèvue et avec la nuit tombante au programme...

Sur la route du tour :
Le Dimanche, je sors de la ville de la Rioja par une longue route qui se dirige vers la montagne. Petite pause à l´ombre de l´ultime arbre avant d´attaquer la côte. Je m´élance dans la chaleur étouffante de l´apres-midi vers les montagnes qui me promettent une peu plus de fraicheur pour ce soir. Comme on est dimanche et que c´est la fête des mère, les familles sont reunies dans les jardins, à l´ombre d´un arbre ou d´une bache tendue pour l´occassion. On partage ici des grillades, quelques verres et la convivialité d´un bon repas. Je salue au passage ces joyeuses tablées.
A la deuxième, on m´arrête pour boire un verre de Fanta bien frais! Ma gorge ne pouvait esperer mieux !
A la quatriéme, on m´offre carrement une bouteille d´eau sortie du congélateur spécialement pour moi.
" Eh, il est francais!" et vient faire la bise à ma fille,
" amener lui un Fanta et un un sandwich, je crois que la sauccisse de gauche là-bas est bien cuite ", et vient serrer la main de mon fils,
" regarde fiston, c´est un francais… " . Pressé de questions, je raconte un peu mon voyage, on discute et je continue. Plus loin, on m´offre encore de l´eau.
L´apres midi avancant ( et moi pas trop vite du coup) les tables sont de plus en plus joyeuses. Les gens que je salue ou qui m´offre un petit quelque chose ne me laisse jamais repartir sans encouragements:
"Suerte, Que te va a bien, buen viaje…"
Est-ce le Fanta qui me monte à la tête, mais plus j´avance, plus on m´encourage, les “Suerte” sont de plus en plus nombreux, on m´arrête encore pour m´offrir un coup de flotte, dans des voitures qui me doublent, des gamins passent la tête par la fenêtre “Suerte”. Ça fini par avoir un effet euphorisant et, l´imagination aidant, me voilá transformé en Raymond Poulidor, en jaune dans l´ascension du Tourmalet. La difference rèside dans le fait qu´ici, le temps n'a pas la meme valeur et que quand on m´offre un verre, ca prends un peu de temps. Les discusions sont bien sympatiques, les gamins n´en reviennent pas de mon sac, il y a une tente dedans pour dormir dans la montagne!!! Et les yeux de s´ouvrir plus grand encore.
Je suis carrement debout sur les pédales, le nez dans le guidon, suivant la moto de la RTF qui file vers le sommet, le peloton est de toute facon bien loin, la foule m´aclamme, quand, après une épingle serrée, plus personne, des grands murs crepis, derriere un portail fermé, on distingue le bleu d´une piscine… Mon tour de France s´arrête net ici mais les encouragement du début de l´apres-midi me permettent de tenir facilement jusqu´au soir.
Bon j´en ai rajouté un peu sur la fin mais je vous le livre comme je l´ai ressenti.

Cuesta de Miranda:
Lui conduit et n´est pas très causant, elle est prof de biologie et plutôt du genre bavarde. La route est à couper le souffle. La poussiere rouge se souleve au fur et à mesure qu´on avance sur la piste. En bas, beaucoup plus en bas, coule un ruisseau. La vallée est quasiment un cayon, les differentes couches sedimentaires forment des emplillements tordus, pliés par les forces telluriques et le vent et la pluie ont fini le boulot. Impressionnant!! En discutant avec la prof, elle me confirme ce dont on m´avait parlé dans d´autres voitures.
Depuis une dixaine d´annees, le changement climatique s´est ici durement fait ressentir; les mois d´hiver n´apportent plus lesjours de fraicheur et l´été, qui est normalement la periode pluvieuse, est devenu totalement sec. Cette annèe, sur cette zone, pas une seule goutte de pluie contre un peu plus de 10 jours auparavent. Les ruisseaux s´assechent et le fragile equilibre qui permet de vivre dans ces zones semi arides est fortement menacé. Les feuilles des arbres deviennent plus fines, c´est d´autant moins de nourriturres pour les animaux qui en vive ect…
Le problème de l´eau se pose ici gravement, dejà certains villages qui se contentait des ruisseaux doivent se faire livrer de l´eau en citerne... D´après certains, il est quelques villages qui n´existeront plus d´ici une poignée d´année…

Et juste pour le plaisir... :
L'air du soir est doux est doux et une fois de plus, me voilà au bord de la route, le pouce levè. Un vieux Pick-up Chevrolet fumant s'arrete. Il est conduit par un jeune gars à la tete sympatique accompagnè d'un pote au look bien punk!! Je m'installe sur la banquette, avec eux à l'avant. Un peu plus loin, un autre auto stoppeur vient nous rejoindre. Nous sommes maintenant quatres sur la banquette avant, un peu serre mais qu'importe, on avance un peu plus vite qu'a pied et c'est bien le principal...
A 50 km/h environ ( le moteur ne semble pas pouvoir faire mieux et vu l'etat de la voiture, c'est aussi bien comme ça) sur une route totalement dèserte, nous descendons vers le sud. Le ciel est clair après cette chaude journèe, à notre droite, à quelques kilometres, se dresse l'imposante Cordillieres des Andes et ses sommets enneigès. A notre gauche, un peu plus prè, la prè-cordilliere, plus basse mais tellement belle, se pare des couleurs brulantes du soleil couchant... Entre les deux, cette vègetation basse donne l'impression d'etendues d'eau quand on regarde au loin... Un paysage et des couleurs magiques... Dans la voiture, pas un mots, chacun contemple le paysage par les fenetres, les visages sont illuminès par les couleurs du couchant, le tout sur une musique tragique d'Elton John
J'ai l'impression d'etre dans un road movie americain des annèes 70
Quand ils me dèpose, la voiture au 615 325 km!!! calle et ne redemare pas. On asperge genereusement le moteur à coup de seau d'eau, on essaye encore, discute, fait des pronostics... Nous voilà donc en train de pousser cette enorme bagnole, qui finit par dèmarer dans un nuage noiratre. A travers la fumèe, le visage souriant du conducteur, toujours eclairè par ce soleil rouge, me salue, une main passe par la fenetre, salue et je pars planter ma tente dans la lande...

mercredi 11 octobre 2006

Tout vient à point...


Un peu plus tard: Ovalle-Vicuña-La Serena-Santiago-Argentine-Mendoza-Cordoba-Villa Giardino.

Fini donc la marche vers le Pacifique, le rendez vous est differé. Je pars en Argentine sous quelques jours apres un crochet par la Vallée d´Elqui qui, selon de nombreux avis, vaut vraiment le coup d´etre vue. En plus, au fond de la vallée, ma carte indique un col d´ou je pourrais atteindre l´Argentine. Un coup de stop et je remonte vers Vicuña. La voiture passe par La Serena et, après 4 jours de marche intense pour atteindre le pacifiques sans succès, je vois les trois derniers rayons du soleil plonger dans l´ocean depuis le siege arriere de la voiture. Trois rayons rouges et brulants, intenses et magnifiques... Un clin d´oeil de l´aventure! Grace au stop, ma premiere soirée dans la vallée se passe dans une maison fort chaleureuse, accrochée à la colline de Mamalluca. On fete ici un anniversaire, les 50 ans d´une belge, arrivée ici après une vie de voyage...
En sortant de la maison, un peu plus tard dans la nuit, j´ai l´impression d´etre dans un rêve! Des milliers d´etoiles scintillent, illuminant le ciel ou une demi lune roussit avant d´etre croquée par un nuage invisible. Dans la vallée, l´air est humide et le village brille comme les braises d´un feu qu´on aurait doucement laisse s´eteindre. L´air est doux et dans la pénombre se dessinent les collines qui ferment la vallée. Dans mes oreilles s´écoulent un merveilleux silence...

La vallée est jolie mais, c´est finalement alignement d´immenses explotations vignicoles entourées de montagne abruptes et arides. Le ciel, la nuit, est ici magnifique, mais ca manque cruellement de verdure. Mis a part le fond de la vallée et ses cultures, tout est vraiment tres sec ici.

Renseignements pris, la Passe d´Agua Negra sur laquelle je comptais pour rejoindre l´Argentine est fermé. Du haut de ses 4800 metres, le col me nargue quand je le regarde. Le crochet par Santiago sera long mais qu´importe, je possede ce luxe d´avoir du temps!
Retour sur La Serena ou, comme je l´imaginais, le front de mer est laid puis Santiago, de là le bus pour Mendoza de l´autre cote des Andes. Longue Ascension sur la route defoncée par les gels et degels, l´attente à la frontiere dans une longue file de camion. Enfin, la route redescends vers l´Argentine, on quitte les montagnes pour la plaine.
Mendoza est une bien jolie ville qui a des airs de Paris des années 60 / 70 ( que j´ai bien connu comme vous le savez) surement du a la presence de veilles Renault 12, 504 Peugeot fumantes a souhait. La Plaza de Arma respire la douceur de vivre entre ses grands arbres et ses fontaines. Mais il y a aussi ces jolies places, cafés aux boisseries abondantes, serveurs vétus à l´ancienne, rues pietonnes, ... comment dire... quelque chose dans l´air que je ne saurais vous decrire.
Deux voyages en car plus loin, me voilà à Villa Giardino à cote de Cordoba ou je retrouve Amélie, une amie que j´avais laissé voilà quelques années et que je retrouve ici, maman d´un petit garcon tout blond qu´on repere facilement dans la cour de la creche.
Voilà donc ou j´en suis à la fin de mon premier mois de voyage avant de repartir demain pour le nord de l´Argentine.