lundi 10 janvier 2011

Presentation


Mon conge sabbatique et mes economies en poches, me voila parti pour 9 mois a travers le Chili, l'ouest Argentin, le Perou et la Bolivie. Voyage simple, a pied, en stop, en car... le sac et la tente sur le dos. Tout est sujet a modification au fil des lectures, des rencontres...

Vous etes ici a la fin du voyage, pour le debut, aller chercher les archives: septembre 2006 pour le premier post.

En esperant vous inspirer, bonne route

Benoit

jeudi 7 juin 2007

Epilogue - I had a dream -

Puis vient un jour et 9 mois d'aventure se terminent dans un aéroport. Le voyage est fini mais il me reste encore beaucoup à en tirer. Le peu que j'ai à dire est qu'avoir vécu ce voyage de rêve après avoir passé autant de temps à rêver de vivre ce voyage fut tout simplement fabuleux. Et des rêves il y en aura d'autres, tout en ayant conscience cette fois que si je porte de l'attention à ceux qui me tiennent vraiment à coeur, ils deviendront un jour une partie de ma vie. Méfiez vous donc de mes prochains rêves, ils deviendront réalité quand je l'aurais décidé!

La route s'arrête aprés 9 mois de joies, de peines, moments merveilleux, jours d'abatement, de froid, de solitude profonde parfois, mais toujours ce bonheur intense sous la fine couche des humeurs quotidiennes. Des petits maux qui en valait largement la peine. Aller chercher au fond de soi quand il faut, la force de continuer, refaire son sac, et reprendre la route pour le bonheur que procure une petite marche matinale, quand l'air est frais, la piste calme et le paysage paisible... se laisser porter par le vent. Toutes ses petites joies simples offertes par la providence, partager un maté dans la cabine d'un camion sur la route entre Rio Grande et Rio Gallegos, bouquiner dans l'herbe en attendant que passe la chaleur du milieu de la journée, participer pour quelques jours à la vie d'une famille. Toutes ces rencontres, la chaleur du feu de bois partagé, boire l'eau des ruisseaux, se perdre dans des forêts millenaires, voir le Cap Horn, marcher au milieux des ruines du Machu Picchu, partager la route avec son frère, ses parents et les amigos, écouter des histoires, des vies qu'on aurait jamais imaginé.

Une page se tourne et, après que le voyage ait été une fin, c'est le moment qu'il devienne un moyen, pour moi et pour les autres. Un moyen de grandir encore, relativiser mes petites misères, voir les choses différement, transmettre et partager ce que j'ai vu. Laisser se fissurer ses certitudes en voyant les choses telles qu'elles sont, comprendre que tout est plus subtil et plus compliqué qu'il ne parait.
Je suis de retour avec des sentiments équivoques, mon optimisme a été parfois fort entamé par l'ampleur des injustices et l'impasse dans lesquelles se trouvent beaucoup des hommes et femmes de ce continent. Le fatalisme de la jeunesse qui a bien compris comment fonctionne l'ordre mondial, concentrant toujours plus la richesse pour quelques privilegiés et laissant les autres se débattre avec ce qui reste. D'un autre coté mon peu de pessimisme en a aussi pris un coup en voyant ce que les hommes sont capable de surmonter, la dictature, le silence, la torture, l'exil, la pauvreté et même la mort quand la mémoire fait bien son travail.
Voici donc une petite partie de ce qui ressort de se voyage, il y a beaucoup plus à en dire mais ce sera de vive voix.

Enfin les remerciement bien sûr, et tout d'abord pour ses bonnes fêtes avant de partir avec les collègues, la famille et les amis. Pour ces cadeaux bien utiles, les jumelles qui m'ont permis de retrouver mon chemin plus d'une fois, l'harmonica pour les longues heures de stop, et ces deux belles cagnottes, celles des collègues et de la famille qui m'ont permis d'acheter ce petit appareil photo pour vous faire partager un peu de ce dont mes yeux se sont remplis durant ces 9 mois. Un grand merci pour le soutient de tout ceux et celles qui m'ont aidé à croire à ce rêve quand un bon paquet doutait de mon serieux ( moi même ça m'est arrivé parfois, je peux maintenant l'avouer) . Merci Carole pour m'avoir montré le chemin et m'avoir poussé au bon moment.

Les visites m'ont fait un immense plaisir je l'ai dit, merci donc Clem, mes parents, Alice, Claire, Fred et Matthieu d'avoir fait le déplacement. Merci aussi à Fanny, Manuel et Stan avec qui j'ai partager des bons moments sur la route, á Amélie, Gustavo et Amos qui m'ont acceuilli avec tant de bon coeur.
Puis pour tout les commentaires comme autant d'encouragements, j'étais content qu'apparement ça vous plaise. Merci à Yves Marie et ma tante Véro d'avoir déposer un petit mot à chaque fois, on aurait presque de quoi faire un autre blog avec toute votre littérature. Enfin mention spéciale pour le responsable de ma base logistique arrière qui m'a alléger de bien des soucis administratifs, m'a assuré de son soutient sans faille, de son suivi permanent; mon père.

J'espere ne pas vous avoir fatigué avec certaines répetitions de "paysages merveilleux", "panoramas immenses", "visions incroyables", "ciels superbes"... mes phrases à ralonge et une fois de plus mes fautes d'orthographe. Et si ca n'á pas été le cas, je vous tiens au courant quand je repars au long cours pour de prochaines lectures. J'étais en tout cas content de partager ce voyage avec vous, de réussir à faire voyager certains par mes récits.

Pour conclure vous l'aurez compris: Rêvez et rêvez encore en regardant le ciel, faites murir, des mois, des années, autant qu'il faut, et un jour, jetez vous à l'eau... ça vaut plus que la peine. Seul, à deux, à dix, au bout du monde ou en bas de chez vous, pour vous, pour les autres, ne gardez pas trop de rêves enfouis, la vie est trop courte et le monde trop grand pour ça!

Merci pour votre compagnie.

Benoit ... rider on the storm

La revanche des étoiles...

Antofagasta - Santiago - Valparaiso

L'aventure touche plus que jamais à sa fin mais la magie continue d'opérer chaque jours... Et le temps est merveilleux malgré l'approche de l'hiver, idéal pour camper. J'ai donc retrouvé ce petit camping qui avait acceuilli ma première nuit de route. J'ai ressenti là le même genre de vertige que celui éprouvé sur ce carré de pelouse voilà 9 mois. Mais cette fois-ci c'était en regardant le chemin parcouru et plus serein que la première fois ou je me rappelle avoir douté d'arriver au bout de ce voyage, seul sur ce continent lointain, réalisant tout à coup ce que c'est d'avoir 9 mois devant soi.
Le soleil s'est couché derrière les montagnes, la cordillière s'est assoupie sous mes yeux apaisé, l'air frais du soir est monté du sol, je suis couvert en regardant le ciel... C'est le soir qu'ont choisi les étoiles pour m'offrir le spectacle que j'avais raté dans le désert d'Atacama. Dans un ciel pur elles arrivent une à une et la Croix du Sud me fait un signe comme pour me dire:
" aller, reprends la route, rappelle toi des merveilles du grand sud, les fôrets, les torrents, les cols, les canaux, la pampa... tout celà t'attends encore..."
J'étais tout seul dans ce petit camping, une nuit tranquille et fraiche après mon diner traditionnel (Pâtes sur réchaud à gaz), mon petit feu de bois luit et me réchauffe dans cette nuit bien sombre. S'endormir, être reveillé par la fraicheur qui annonce l'arrivée du jour puis une dernière fois plier la tente sous le soleil, refaire le sac à dos et prendre la route le coeur léger... la boucle est bouclée!

Reste quelques jours que je ne vais sûrement pas gacher en attendant l'avion, je passe à Santiago où je retrouve Pablo qui bosse dans le métro. En plus d'une bonne visite, j'ai droit à une de ses petites soirées en famille que j'ai tant aimé durant ce voyage. Je garde le compte rendu de la visite du métro et du PCC pour les quelques intéressés. Je repasse par Valparaiso que je retrouve en belle endormie, engourdie par un début d'hiver pourtant plutôt doux. Les quais du port sont vides de portes conteneurs, les grues immobiles et les rues me paraissent bien calme. Mais c'est toujours le même charme puissant et magnétique qui ce dégage de cette ville toute en collines. La nuit du port, elle, déborde de vie, même en l'abscence des équipages au repos. J'ai assisté l'autre soir à un concert de jazz inoubliable, une ligne de cuivre puissante et une basse plus que créative dans un bar au charme portuaire. Je profite, me promène et m'imprègne une dernière fois de l'ambiance unique qui règne ici.
Voilà donc pour mes ultimes aventures, la conclusion suit en épilogue...

vendredi 1 juin 2007

Pour les étoiles d'Atacama...

Cuzco - Cachora - Cuzco - Iquique - Maria Elena - Antofagasta

Mes courtes nuits australes sont bien loin désormais, il fait nuit vers 18 heures ici à Cuzco et l'on a beau être au bout du monde dans une ville dont le nom fait rêver... Prendre le bus un samedi en début de soiré garde ce coté triste à souhait. Le néon du mini bus bringballant donne à tout le monde des teints blafards, nous sommes sans cesse bousculés par les nids de poules. Et puis me voilà seul aprés 3 semaines de compagnie, Claire et Matthieu sont en route pour Lima.

La rando à Choquequirao, bien que franchement sportive, valait vraiment la peine, nous sommes arrivés aprés une marche bien matinale sur le site où nous n'étions que 5 visiteurs. Alors certes, les ruines ne valent pas celles du Machu Picchu mais un tel calme et le fait de savoir qu'il y a sous nos pieds encore 55% du site à défricher crée une émotion particulière. Marcher sur des chemins d'accès à peine défrichés et savoir que 2 mètres à coté, dans cette végétation impénetrable se trouve sans doute des murs de soutient de terrasse ou des batiments entiers, et le frisson de l'archéologue en pleine découverte vous traverse le dos. Et puis les Incas ne choissisait pas leurs sites au hasard, ici encore le décor qui nous entoure est à couper le souffle, cascades gigantesques, cayons insondables, cordillieres enneigées... Et puis Choquequirao c'est le souvenir inoubliable de cette sieste dans l'herbe au milieu des ruines et à l'ombre de ce petit arbre, pas un bruit pendant une heure, on est vraiment bien loin du Machu.

Puis nous quittons Cachora, petit village de la cordillière, merveilleux de simplicité et d'authenticité, - ça change de Cuzco - aprés une bien agréable ballade à cheval à l'heure ou se dispersent les brumes, laissant entrevoir enfin la cordillière enneigée sous un soleil radieux.

C'est le départ des amigos, Claire rentre à Nantes, Matthieu poursuit au nord du Pérou et Benoit doit redescendre sans trop trainer vers Santiago, dans quelques jours, un avion l'y attends.

Mais faire le voyage d'un trait n'aurait aucun intêret, vous avez bien compris mon goût pour la lenteur...


J'avais pris depuis longtemps rendez vous avec les fameuses nuits étoilées d'Atacama mais depuis plusieurs jours se préparait quelque chose qui me gacherait à coup sur le spectacle prévu... Qu'importe de toute facon le temps qui me reste ne me laisse pas beaucoup le choix dans la date et c'est donc bien décidé que je pars acheter mon ticket de bus pour le désert le plus aride du monde... Mon premier travail sera de convaincre la vendeuse de ticket de bus que je sais ou je vais et que je veux bien un ticket pour Maria Elena, petite ville minière perdue au milieu du desert
-" Vous êtes vraiment sûr?"
Arrivé en fin d'après midi je goute à l'ambiance assez particulière de ce petit village avant de m'aventurer vers le désert en quête d'un endroit ou camper... bon n'imaginez pas ma tente au milieux de douces dunes à des kilomètres de tout signe de vie. Depuis mon bivouac je vois encore le village et toute cette partie du désert semble avoir été un jour retournée au buldozer dans l'espoir d'y trouver le précieux salpêtre.

Rapidement viens la nuit et comme je l'avais calculé ( Sans trop de mérite c'était facile de compter jusqu'a 28 ) l'élément perturbateur fait son apparition, les étoiles risquent d'être peu nombreuses au rendez vous... C'est une magnifique pleine lune qui se lève par l'est, d'une blancheur et d'une brillance exagerée, comme pour me narguer de venir ce soir admirer les étoiles. Inutile de vous dire que jai vu autant d'étoiles que si j'avais passé la nuit entière le nez en l'air sur la place parisienne du même nom.

Les fraiches nuit du désert, elles, ont tenu par contre leur promesse mais 3 minutes après le lever du jour, je crevais deja de chaleur dans ma petite tente orange.

J'ai repris la panaméricaine et nous avons traversé ces villages tellement fantômes qu'il n'y a même plus de fils qui pendent aux poteaux électrique, plus de vitres au fenêtres et au loin les installations rouillées et squelletiques de la mine abandonnée. Quelques kilomètres plus loin je repassais le tropique du Capricorne, en route pour le sud cette fois.

Aprés demain je devrais retrouver le premier camping du voyage au pied de l'Aconcagua, non loin de Santiago puis j'ai une visite du Metro de Santiago prévue avec Pablo, rencontré voilà 5 mois dans le grand sud, quelques nuits à Valparaiso et ... fin du voyage.

Epilogue de l'aventure dimanche soir prochain...

Photo 1 : il y a encore des petits problèmes de signalètique à rèsoudre mais Choquequirao vaut la peine d'être visité, jugez plutôt la mine admirative de Matthieu ( photo 2). Sur la troisième photo vous pouvez admirer dans le désordre, terrases, porte et logis Inca ainsi que dans le petit coin gauche de la place principale, ce petit arbre qui a acceuilli notre sieste, en arrière plan la végétation luxuriante qui explique les 13 ans de travail restant pour defricher le site. Enfin, photo 4, non non c'est pas ma photo qui est nulle c'est ce village qu'est bizarre! Maria Elena ( village minier habité ) à l'heure de pointe du matin.

mardi 29 mai 2007

Erratum...

Mes lecteurs experts en civilisation Inca l'auront bien évidement noté et je suis sûr qu'ils sont nombreux, c'est pourquoi je rectifie dés aujourd'hui une erreur qui ne devrait pas avoir cours dans le blog d'un fils de prof d'histoire.

Le grand Manco Kapac n'a jamais pu mettre les pieds au Machu Picchu puisqu'il est censé être le premier Inca, celui qui, selon la mythologie aurait été sorti du Lac Titicaca pour créer cette civilisation.

Les murs de pierres qui m'ont inspirés ses rêveries ont plutôt dû voir passer l'Inca Pachacutec.

J'éspere ne pas avoir écrit d'autres incorrections historique, j'me documente et je vous dit.

Portez vous bien, je vous redonne des nouvelles en fin de semaines.

Pour les amateurs de commentaires ( dont je fais parti ), j'ai eût beau fouillé, je n'ai pas trouvé pourquoi il n'est pas possible d'en mettre sur l'article précedent; les mystères insondables de l'informatique!!!

La photo: Ça coule de source... inca ( Pisaq)

dimanche 20 mai 2007

Dans la cité Inca

Lima - Arequipa - Puno - Machu Picchu - Cuzco

Le rythme change encore, accélere un peu mais c'est pour la bonne cause, c'est à 5 que nous quittons Lima pour 3 semaines dans le sud du Pérou. Fred, Alice, Matthieu et Claire m'ont rejoinds pour partager l'aventure. Me voilà bien entouré, heureux de retrouver les bons vieux amis et ravi de m'en faire de nouveau. La première chose à faire découvrir aux nouveau venus sont bien sûr les incontournables heures de bus, unique solution pour boucler un programme bien chargé à remplir en trois petites semaines. On s'élance donc pour 14 heures de car, heureusement coupées par une sympatique pause à Nazca ou nous dégustons un merveilleux poulet frites que nous digèrons ( non sans mal ) dans le doux air du soir, assis sur la grande place.
Mais bien vite place aux choses sérieuses avec une rando plutôt sportive dans le Cayon de Colca près d'Arequipa, trois jours à monter et descendre autour d'un des cayons les plus profond du monde. Les montées sont raides et les descentes mettent les cuisses et les genoux à rude épreuves mais les amigos, fraichement sortis de leurs bureaux m'épatent par leur endurance. Notre guide quand à lui est un véritable bouquetin des andes que nous ne parvenons à rattraper qu'a de rares occasions ( quand il daigne nous attendre en fait) et qui nous léve à 2 heures du matin pour aller marcher!
Je retrouve le lac Titicaca du coté Péruvien, nous nous reposons un peu entre Puno et l'ile Taquille et partons de nouveau, le voyage continue, un peu plus au Nord Ouest...
Nous arrivons par un petit matin brumeux à Cuzco après une mauvaise nuit de bus depuis les rivages du Lac Titicaca. Les visages portent encore les marques de cette nuit chaotique quand nous nous engoufrons encore à moitié endormis dans un taxi pour rejoindre la Estation San Pedro; La gare d'ou part le train pour Aguas Calientes, ce petit village au pied du Machu Picchu.

C'est un bien joli train jaune et bleu qui nous élève au dessus de la ville alors que la brume se disperse, nous offrant le spectacle de ces toits de tuiles et des clochers carressés par les douces couleurs du matin. Puis nous quittons la ville, le train traverse maintenant une large vallée agricole, le soleil est haut et j'ai la tête par la fenêtre. Un vent de bonheur et de liberté court dans mes cheveux et je respire un air qui me dit quelque chose... Ça y est je sais, il y a dans l'air cette odeur merveilleuse et enivrante que l'on respire le premier matin des vacances d'été, quand après une courte nuit commence l'aventure. Le soleil est encore bas mais il est déjà chaud, à l'ombre des buissons on sent cette fraicheur de la nuit qui remonte des fossés, les odeurs de fleurs qui portent encore quelques gouttes de rosée sont sublimées par l'exitation du départ vers de nouvelles aventures estivales... voilà donc le merveilleux parfum qui chatouillait mes narines à cet instant.

Le train court sur le plateau mais bientot le paysage se ressere autour de nous, les montagnes se rapprochent peu à peu et nous voilà, seul avec le torrent, serpentant dans l'étroite vallée. Il flotte maintenant dans l'air une odeur de sentier de montagnes à la fin du mois d'aout, quand le soleil a écrasé de chaleur les plantes, les arbres, les herbes et les vallées et qu'enfin la nature peut respirer à nouveau, les jours plus court est les nuit plus longues, les températures plus douces laisse respirer ces senteurs merveilleuses qui s'etait cachées au plus fort de l'été, tentant d'échapper au déchainement de la puissance solaire.
Et puis toujours la tête par la fenêtre du train, le paysage qui défile inonde mes yeux mais mon esprit est ailleurs; ailleurs au coeur de ses histoires de familles si liées au balancement des trains sur la voie. Je suis là dans ce train du bout du monde, en route pour le Machu Picchu qui a sans aucun doute fait rêver plus d'une fois la prof d'histoire qu'est ma mère. Et puis le train et toutes ces histoires, celles de mon grand père, fils de garde barriere et les épopés ferroviaires et dominicales de Dreux à Granville, contées comme la conquête de l'ouest. Mon père et sa passion sans borne pour les voyages en train, les plus belles lignes de son début de carriere enneigé entre Rumilly, Chambèry, Modane, Annecy et encore de merveilleuses histoires de train sous la neige et des images plein la tête. L'aventure qui continue dans notre siècle avec mon frère - Paris Londres d'un seul trait - qui a bercé ses fils à 300 km/h avant même qu'il ne sachent marcher à 4 pates. Me voilà au milieu de tout celà, la tête par la fenêtre, à quelques kilomètres de Cuzco, sur les plateaux andins en direction du Machu Picchu.
Le voyage continue et plus la vallée se ressere, plus la vegétation foisonne, une luxuriance, des arbres, des lianes, des feuilles immenses et un nuancier de vert au grand complet. Le roulis nous berce, les roues crissent quand nous attaquons les courbes, le bruit change quand nous passons des tunnels mais bientôt nous rallentissons et entrons dans la petite gare d'Aguas Calientes, nous sommes au pied de la cité Inca!
C'est encore avec une histoire de réveil trop matinal que commence cette journée mémorable. A la lueur des lampes frontales nous grimpons en file indienne dans des escaliers de pierres envahit de végétation. Quand point le jour, le chemin s'arrête et nous voilà aux portes de la cité apres une heure de marche les yeux mi-clos. Même encore à moitié endormi l'exitation est à son comble, nous avalons le petit déjeuner face aux montagnes et pénétrons dans la cité perdue, posée sur une montagne improbable au milieu d'un décor surréel. Le site est tout simplement incroyable et quand l'esprit vagabonde, c'est une véritable reconstitution historique qui se met en route. Les premiers hommes qui ont pensé cette cité, les premières pierres et le travail des tailleurs, des maçons, des jardiniers, des architectes, des agriculteurs puis l'arrivée du seigneur Inca, le grand Manco Kapac avec sa cour, sa famille, les célébrations au soleil, à la lune, les sacrifices au moment précis des derniers rayons du soleil, les fêtes incroyables aux solstices et la vie quotidienne, les gens qui vont et viennent, les gamins qui pleurent pour avoir le sein, le four à pain qui fume au petit matin, la joie des naissances, les morts, le cycle de la vie, la courses des astres... Cette émotion qui m'envahit quand je m'assois dans l'herbe au soleil couchant, appuyé contre ces murs aux pierres parfaitement jointes...

Du lever au coucher du soleil nous avons donc arpenté les ruines et les terrases, grimpé sur le Wayna Picchu, cet éperon rocheux qui domine la cité Inca puis sont venus les derniers rayons et le moment de redescendre sur terre et de rentrer dans son époque.







Alice et Fred sont repartis hier et nous partons demain, Claire, Matthieu et moi pour une autre cité perdue, celle de Choquequirao! Le voyage n'est pas fini!!
Et voilà une photo de la fine équipe sur les ruines de Pisaq ( non non Pisaq n'est pas un village de Dordogne!) , un immense merci d'avoir traversé l'altantique pour venir partager cette aventure et merci pour le bon temps qu'on a passé ensemble.

vendredi 4 mai 2007

Altiplano blues

La Paz - Pariñacota - Arica - Tacna - Arequipa - Lima

Bon je ne vais pas en faire des tonnes; ça ne vient pas, ça ne vient pas! J'ai bien les idées et les images en tête, les odeurs, les couleurs même et cet air trop rare qu'on respire là haut mais impossible de faire une belle phrase qui tienne debout. Moins agréable á lire mais tout aussi informatif, un style dépouillé fera donc l'affaire pour cette fois, à moins que l'inspiration vienne en écrivant comme l'apétit vient en man... c'est nul ! J'vous livre donc les mots comme ils viennent.

Mais pourtant quelle route magnifique entre La Paz et Lima, s'élèver tout d'abord au dessus de ce profond cratère au creux et sur les bords duquels La Paz s'étale. La vision impressionante de cette mégalopole sudamericaine, asphixiée par la pollution, paralysée par les bouchons mais qui malgré ça vit dix fois plus que n'importe quelle ville européene qu'il m'ait été donné de visiter.

La route s'élance vers le sud d'abord puis cap à l'ouest, en plein sur la cordillière pour attaquer le col qui mène au Chili, à 5000 mètres d'altitude. Les décors de l'altiplano sont vraiment particuliers et les mots me font défaut pour restituer ses couleurs uniques. Le bleu du ciel, le brun du sable entrecoupé de bouquets maigre et ras de cette vegetation basse et jaunie, le blanc des neiges eternelles des volcans... des couleurs merveilleuses, une route superbe.

Un poste frontière plus loin me revoilà au Chili avec la drôle d'impression d'être rentré au pays. Je m'arreterais non loin de la frontiere dans un petit village pour une petite randonnée, respirer une derniere fois l'air de l'altiplano. Ma visite fut bien acceuillie par les Lamas, Alpagas et leurs cousins vigognes au milieu desquels j'ai marché et j'ai adoré ma nuit dans le petit village de Pariñacota, ces petites maisons blanches regroupées autour de leurs églises, essayant de braver ensemble le froid polaire qui régne sur l'altiplano dès que le soir fait disparaitre les rayons du soleil, au loin, plus bas...
Plus bas, beaucoup plus bas car à 40 kilometres á l'ouest d'ici l'altiplano s'effrite et cet immense plateau qui s'étends au loin jusqu'a la grande forêt amazonienne, chute en 100 km de ces 4000 mètres d'altitude au niveau de la mer! Après avoir brievement battu la piste de mes pas, je retrouvais les joies du stop, m'accrochais à cette main tendue et me hissais dans la cabine du semi-remorque pour effectuer les fameux 100 km en compagnie de Miguel, camioneur chilien et gosse de l'altiplano qui connait la route entre Arica et Santa Cruz comme les lignes de sa vieille main. La route est vertigineuse mais l'homme connait son affaire, pas un coup de frein de trop, rien de travers, un professionel le Miguel. En lui deliant la langue j'ai droit à l'histoire de la vie d'un gamin né là haut, nourri avec le peu de chose que la terre veut bien offrir à une telle altitude, le froid mordant des hivers trop longs, vivre si loin de tout, le huis clos d'un village microscopique, les années de la dictature de Pinochet vue d'en haut...
Un dernier lacet et le pacifique nous apparait, blanchi par le soleil dejá bas. J'adore le stop! Je saute du camion á l'endroit ou la panamericaine vient se frotter á Arica, ville frontière, le dernier port au nord du Chili. Encore 1000 kilometre vers le nord ouest et je serais á Lima.
J'attaque le Pérou par le sud dans un train bringueballant qui s'ébroue sur une voie defoncée au milieu d'un quasi désert de sable, bordée au loin par le pacifique perdu dans la brume. Un train que dis-je, un petit wagon automoteur aux fenêtres disjointes, incomfortable au possible... mais quel plaisir, quel bonheur ces 60 kms dans le début siecle dernier! Un charme fou, toute une poésie ferroviaire en deux heures d'un voyage dans le temps sublimé par ce décor irréel.

Lima m'y voilá, j'aurais presque atteinds le 12éme sud, presque mais qu'importe, je ne monterais pas plus haut. Je dors dans la ville dans un vieil hôtel au charme unique. Charles Quint y viendrait en personne réclamer sa part d'or au gouveneur colonial qu'on en serait pas étonné. Il semblerait que Christophe Colon ait débarqué la semaine dernière!
Sous la fenêtre passe une fanfare et quelques rues plus loin la Panaméricaine continue son chemin, jour et nuit. La colonne vertébrale de l'amérique latine vibre d'un ronflement continue, des phares jaunes et rouges se croisent dans la nuit, camions anonymes et fatigués mais pas autant que les hommes qui les ménent. L'amérique latine se tue á la tache le long de ce ruban de bitume qui caresse tantôt l'océan, tantôt la cordillière, drainant la misère des hommes, des femmes et des enfants crasseux, acheminant la maigre récolte annuelle de patates d'une famille de l'altiplano á bout ou les 4x4 made in japan, sans répit, pas de dimanches, d'heures de nuit, pas de jours ferié.
Lima, sa grande et magnifique Plaza de Armas, fin de la montée vers le nord qui a commencé début janvier face au Cap Horn. Ca servira de conclusion, ça remplacera celle que je n'est pas trouvé... Portez vous bien
Benoit






mardi 24 avril 2007

Sur les pistes boliviennes

Uyuni - Potosi - Sucre - La Paz - Copacabana - Tiwanaku - La Paz

A la veille de repartir sur le Chili et aprés vous avoir raconté cette nuit sur le Salar, je voulais tout de même vous faire part de mes impressions concernant cette trop brève escapade bolivienne qui a commencé voilà un peu plus de 15 jours, non loin du 22ème Sud.

Mon voyage Argentin a pris fin au terminal de bus de La Quiaca, la ville la plus septentrionnale de ce grand pays. De là, descendre les rues sous le soleil de midi, longeant les facades beiges un peu délabrées dont le crèpis s'effrite dans le calme de la mi-journée. Passer cette grande place verte et boisée et atteindre ce boulevard qui descends encore en pente douce. A gauche le long mur de soutenement de la voie ferré, sur le trottoir d'en face une station service et ce terre-plein poussiereux sur lequel dorment des camions qui s'élanceront demain à l'assaut des pistes boliviennes ou qui se reposent quelques heures avant de s'attaquer aux 2500 km qui les séparent de Buenos Aires. En bas du boulevard cet imposant batiment dont l'architecture ne peut qu'être d'inspiration de l'école frontalière dans sa période sud americaine des années 60. Le voyageur venant du sud qui se retourne pour dire au revoir à l'Argentine pourra regarder avec satisfaction et même un peu de fierté ( ne soyons pas trop modeste ) ce grand panneau vert qui indique :

Bienvenidos à La Quiaca / Ushuaia 5121 km

Commence alors cette longue heure, cette file qui avance lentement, par à coup pour recevoir le tampon de sortie du territoire argentin avec pour spectacle la frontiere qui échappe à la torpeur de midi: Ca va, viens, siffle, klaxon...

Le passeport tamponné en poche, une formalité toute symétrique se reproduit après avoir passé ce large pont qui surplombe une maigre rivière et c'est brusquement La Bolivie! Cette joyeuse foule qui emplit les rues, courbée ou disparaissant sous d'énormes charges enroulées dans ces grands tissus colorés. Les gamins déambulent, vendeurs de rues, rabatteurs de tout et rien, bureau de change tout les 100 metres ...

La Bolivie est un choc, bruyant et coloré, dont le sommet est atteinds à la gare de bus. Un chaos total, des quais envahis par des vendeurs ambulants, les vendeurs de billets pour La Paz, Oruro, Tarija, Potosi qui hurlent leurs destinations, les gars qui chargent les bagages sur les toits, ces familles entières qui débarquent avec des dixaines de paquets... Le voyage en lui même est tout un folklore. Il s'agit souvent de petits cars rehausés, chaussés de pneus 4x4, chargés sur le toit et dont l'interieur est plutôt rustique. Le tout est dirigé par une petite équipe de 2 ou 3 types de joyeuses humeur et qui vous change un pneu de bus à une vitesse impressionnante pendant que les passagers impassibles en profitent pour se dégourdir les jambes au milieu de rien. L'allusion à une petite écurie de formule 1 n'est guere loin quand on voit la facon dont sont conduit les cars. J'aurais parfois preferé ne pas savoir ce que je sais sur les bases de la conduite de véhicules de transport en commun!

Une bonne partie des routes du pays n'étant ni asphaltées ni vraiment lisses les voyages sont plutôt remuants et poussiereux. Mais un simple regard par la fenêtre peut rapidement faire oublier ce léger inconfort. La piste tourne et retourne, monte puis descends dans ce paysage grandiose entre des massifs majestueux. De Tupiza à Uyuni l'érosion de la pluie, du vent et des cours d'eau a taillé dans cette terre ocre de véritables palais, des tours, des monuments aux dimensions à peine croyable et d'une verticalité parfaite qui semble être dans un état de ruine perpetuelle mais qui imposent émerveillement et respect. Cols à plus de 4000m atteinds à grand peine par un moteur essouflé, descentes interminables, lits de rivieres, pistes perchées à flanc de montagne, lacets infinis... Encore un col et nous descendons, la piste se perd pour 5 km dans le lit d'une riviere asseché jusqu'à atteindre Atocha, village à flanc de colline qui semble perdu et ridicule au milieu de cette nature immense. Merveille encore entre Potosi et Sucre dans un autres des ces paysages gigantesques au milieu duquel serpente les méandres d'une riviere amaigrie par le début de la saison séche et qui flotte déja dans ce lit bien trop large et caillouteux.

Les bus sont chargés à plein et l'heure de départ dépends souvent du taux de remplissage du car. Il reste rarement des places assises, il y a plus souvent des gens debout dans le couloir ou bien comme hier cette petite fille au cheveux noirs et au visage cuivré qui dort par terre dans le couloir, la tête calée contre un sac de sucre le petit frère blotti dans ses bras. Reveil hagard, regards perdus quand il faut descendre à Oruro au milieu de la nuit.

Stan et moi arrivons à La Paz 2 heures plus tard, à 4h30 après 12 heures de car sans place pour les jambes et avec cette odeur du poisson chargé à Oruro. Notre tentative de finir la nuit sur les bancs du terminal sera vaine, le froid est vif, nous sommes dans un courant d'air et dès 5 heures le terminal se réveille à grand renfort de musique et au son de ces éternels rabateurs aux voix de chanteurs d'opéra: OOOOruro-ruro-ruro-ruro, Ya sale para Oruuuuro!!! ou les voix fluettes mais poussé au plus haut des femmes: A Sucre sucre sucre Ya sale!!

Nous sommes alors sortis prendre l'air et profiter du soleil levant qui illuminait l'Alto, ce haut quartier qui, vu d'en bas ressemble à une maquette de terre cuite, milliers de petites maisons emélées qui s'élèvent contre la montagne.

Il y a tant à dire et j'aurais voulu vous parler des magnifiques villes de Potosi et Sucre, leurs églises, leurs palmiers géants, cette architecture coloniale, ces parcs si agréables, les rives boliviennes du Lac Titicaca, cette nuit sous la tente sur l'Isla del Sol avec un ciel constellé d'étoiles et un croissant de lune d'une finesse incroyable, les paysages du sud. Que dire encore des ruines mysterieuses de Tiwanaku, des paysages uniques de l'altiplano, des embouteillages de piétons sur les trottoirs de ces villes grouillantes, le chaos des déplacements urbains, ces villes axphisiées par la pollution alors que l'altitude empèche déjà une respiration normale, la jeunesse de ce pays ou, dans les parc le dimanche aprés midi, il n'y a ni une balancoire, ni un tobogan ni un tourniquet qui ne soit occupé par des foules d'enfants. Il y a tant à dire alors même que cette partie du voyage me semble avoir cruellement manquée d'approfondisement mais j'ai peur que mon blog ne se transforme en un roman un peu indigeste ou en un puissant sédatif.

Mais vous aurez compris le principal, ce petit crochet hors programme fut un régal, le reste j'aurais à vous le raconter en rentrant. Je laisse Stan ici à La Paz aprés 15 bien agréables jours de voyage partagé. Je repars demain pour le Chili à Putre ou j'irais randonner quelques jours dans un parc naturel. La marche et les nuits sous la tente commence à me manquer.






Désolé je n'avais pas de photo en rapport avec mes paragraphes alors c'est un peu du vrac!

Photo 1: Coucher de soleil sur le Lac Titicaca
Photo 2: Pause dejeuner du chauffeur entre Tupiza et Uyuni

Photo 3: La campagne dans le sud.

Photo 4: Transport interurbain en arrivant à La Paz

Je vous retrouve dans 2 petites semaines à Lima, à la veille de retrouver de nouveaux compagnons de voyage.

D'ici là portez vous bien et profitez bien du printemps.

Benoit