vendredi 4 mai 2007

Altiplano blues

La Paz - Pariñacota - Arica - Tacna - Arequipa - Lima

Bon je ne vais pas en faire des tonnes; ça ne vient pas, ça ne vient pas! J'ai bien les idées et les images en tête, les odeurs, les couleurs même et cet air trop rare qu'on respire là haut mais impossible de faire une belle phrase qui tienne debout. Moins agréable á lire mais tout aussi informatif, un style dépouillé fera donc l'affaire pour cette fois, à moins que l'inspiration vienne en écrivant comme l'apétit vient en man... c'est nul ! J'vous livre donc les mots comme ils viennent.

Mais pourtant quelle route magnifique entre La Paz et Lima, s'élèver tout d'abord au dessus de ce profond cratère au creux et sur les bords duquels La Paz s'étale. La vision impressionante de cette mégalopole sudamericaine, asphixiée par la pollution, paralysée par les bouchons mais qui malgré ça vit dix fois plus que n'importe quelle ville européene qu'il m'ait été donné de visiter.

La route s'élance vers le sud d'abord puis cap à l'ouest, en plein sur la cordillière pour attaquer le col qui mène au Chili, à 5000 mètres d'altitude. Les décors de l'altiplano sont vraiment particuliers et les mots me font défaut pour restituer ses couleurs uniques. Le bleu du ciel, le brun du sable entrecoupé de bouquets maigre et ras de cette vegetation basse et jaunie, le blanc des neiges eternelles des volcans... des couleurs merveilleuses, une route superbe.

Un poste frontière plus loin me revoilà au Chili avec la drôle d'impression d'être rentré au pays. Je m'arreterais non loin de la frontiere dans un petit village pour une petite randonnée, respirer une derniere fois l'air de l'altiplano. Ma visite fut bien acceuillie par les Lamas, Alpagas et leurs cousins vigognes au milieu desquels j'ai marché et j'ai adoré ma nuit dans le petit village de Pariñacota, ces petites maisons blanches regroupées autour de leurs églises, essayant de braver ensemble le froid polaire qui régne sur l'altiplano dès que le soir fait disparaitre les rayons du soleil, au loin, plus bas...
Plus bas, beaucoup plus bas car à 40 kilometres á l'ouest d'ici l'altiplano s'effrite et cet immense plateau qui s'étends au loin jusqu'a la grande forêt amazonienne, chute en 100 km de ces 4000 mètres d'altitude au niveau de la mer! Après avoir brievement battu la piste de mes pas, je retrouvais les joies du stop, m'accrochais à cette main tendue et me hissais dans la cabine du semi-remorque pour effectuer les fameux 100 km en compagnie de Miguel, camioneur chilien et gosse de l'altiplano qui connait la route entre Arica et Santa Cruz comme les lignes de sa vieille main. La route est vertigineuse mais l'homme connait son affaire, pas un coup de frein de trop, rien de travers, un professionel le Miguel. En lui deliant la langue j'ai droit à l'histoire de la vie d'un gamin né là haut, nourri avec le peu de chose que la terre veut bien offrir à une telle altitude, le froid mordant des hivers trop longs, vivre si loin de tout, le huis clos d'un village microscopique, les années de la dictature de Pinochet vue d'en haut...
Un dernier lacet et le pacifique nous apparait, blanchi par le soleil dejá bas. J'adore le stop! Je saute du camion á l'endroit ou la panamericaine vient se frotter á Arica, ville frontière, le dernier port au nord du Chili. Encore 1000 kilometre vers le nord ouest et je serais á Lima.
J'attaque le Pérou par le sud dans un train bringueballant qui s'ébroue sur une voie defoncée au milieu d'un quasi désert de sable, bordée au loin par le pacifique perdu dans la brume. Un train que dis-je, un petit wagon automoteur aux fenêtres disjointes, incomfortable au possible... mais quel plaisir, quel bonheur ces 60 kms dans le début siecle dernier! Un charme fou, toute une poésie ferroviaire en deux heures d'un voyage dans le temps sublimé par ce décor irréel.

Lima m'y voilá, j'aurais presque atteinds le 12éme sud, presque mais qu'importe, je ne monterais pas plus haut. Je dors dans la ville dans un vieil hôtel au charme unique. Charles Quint y viendrait en personne réclamer sa part d'or au gouveneur colonial qu'on en serait pas étonné. Il semblerait que Christophe Colon ait débarqué la semaine dernière!
Sous la fenêtre passe une fanfare et quelques rues plus loin la Panaméricaine continue son chemin, jour et nuit. La colonne vertébrale de l'amérique latine vibre d'un ronflement continue, des phares jaunes et rouges se croisent dans la nuit, camions anonymes et fatigués mais pas autant que les hommes qui les ménent. L'amérique latine se tue á la tache le long de ce ruban de bitume qui caresse tantôt l'océan, tantôt la cordillière, drainant la misère des hommes, des femmes et des enfants crasseux, acheminant la maigre récolte annuelle de patates d'une famille de l'altiplano á bout ou les 4x4 made in japan, sans répit, pas de dimanches, d'heures de nuit, pas de jours ferié.
Lima, sa grande et magnifique Plaza de Armas, fin de la montée vers le nord qui a commencé début janvier face au Cap Horn. Ca servira de conclusion, ça remplacera celle que je n'est pas trouvé... Portez vous bien
Benoit






5 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Altiplano blues
En voila un titre qui annonce la couleur. En effet, l'énervement est palpable car le style du journaliste est plus épuré. Malgré cela on savoure ce qui vont être nos derniers instants de dépaysement. On se console également en se disant que l'on va te revoir et se délecter de tes récits passionnants et du reportage photo.
A plus Benoit. Profites en un maximum.
Yves-Marie
P.S. J'ai du faire une fausse manip, mon dernier commentaire est passé à la trappe

10:52 AM  
Anonymous Anonyme said...

Salut le beau Ben !!!
Ben dis donc ca fait plaisir de voir que tu profites tant. Merci pour ces belles phrases, tu me fais rever alors que je suis revenue dans le monde réel et le monde du travail... beurk ! mais heureusement que tu arrive a tellement bien exprimer les moments, les sensations, bref, merci !
J'espère que tout va bien, que le moral est la... ca fait un baille !
Continu comme ca !!! Amuse toi, profite au max !
Je te fais des bisous d'alsace !
Fanny, une alsacienne toujours de bonne humeur !
Ps : pour l'instant je n'ai pu lire que jusqu'à debut avril... mais c'est comme un beau livre qui nous emmene a nouveau loin !

5:12 AM  
Blogger AirDeRien said...

ola ola
C'est mon petit moment d'evasion quand je suis à Ouaga faire une escale en amérique latine... Lire ta prose!!!
Vraiment c'est u plaisir.
Je crois que tu dois être en compagnie de ma cousine desormais. J'espere que vous en profitez au maximum
A tres vite
Alyl

7:40 AM  
Anonymous Anonyme said...

un petit coucou en passant... bonne fin de route Benoît...
Véronique

1:51 PM  
Blogger Christophe & Katell said...

Et bien, depuis le 4 mai, plus rien...
On veut des news, des récits palpitants, des photos de l'autre bout du monde...
Allez, raconte, sois pas vache !!!
A+
Christophe

5:41 AM  

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