De drôles d'existences...

Curacautin-Temuco-Villarica-Futrono-Puerto Montt-Chiloé.
La Photo, une maison du bout du monde sur la côte pacifique.
Après une ultime randonnée du coté des volcans qui m'a mené au coeur d'une forêt d'une richesse incroyable, baignée de torrents, lacs et cascades, le paysage change à nouveau. D'un bond de 150km vers le sud, je retrouve la mer à Puerto Montt. En fait de mer, il s'agit d'un golfe, protegé du Pacifique par la Grande Ile de Chiloé. Le golfe s'ouvre vers le sud tandis qu'à l'est, la cordillière s'y jette avec brutalité et, en quelques centaines de mètres, les sommets qui portent encore la blancheur du récent hiver plongent dans cette petite mer qui blanchit, elle, sous l'effet d'un puissant coup de sud.
Chiloé est une ile tout en longueur qui fait le dos rond coté océan, comme pour mieux encaisser les profondes dépressions pacifiques qui s'abatent violement sur elle à longueur d'année. Cette côte est quasi deserte et couverte d'une forêt millenaire. Deserte, pas tout á fait, on peut y acceder par Cuaco, après 30km d'une mauvaise piste. En remontant ensuite vers le nord par la plage (le chemin disparait, avalé par la dune), on découvre, tout au long de la côte, étalées sur plus de 20 kilomètres, des maisons isolées qui forment une communauté indigène d'une quarantaine de familles qui vivent ici sans eau courante ni éléctricité depuis des générations, avec pour seules ressources les algues et leurs petits troupeaux. J'ai eu la chance de pouvoir faire un bout de chemin avec Adonis, ses soeurs et ses copains. Ils ont entre 7 et 10 ans et rentrent de l'école. Ce n'est pas la première fois que je fais un bout de chemin avec des écoliers et c'est à chaque fois un plaisir. Adonis est particulierement curieux, au point que j'ai du mal à pouvoir moi aussi poser des questions. Mais l'échange est utile, ils auront appris qu'on ne peut pas venir depuis la France jusque chez eux à pied, qu'on parle chez nous une autre langue que l'espagnol et que nous n'avons pas trop besoin de nous mefier des tigres quand on rentre chez nous le soir! Lui me raconte la chasse aux oiseaux qui, quand elle est fructueuse, permet de varier les plats et les long hivers pluvieux.
De l'autre côté, c'est tout autre chose, l'ile étale ses cultures et ces nombreux villages qui font face à une multitudes d'iles dispersées dans le golfe.
Il ne reste plus beaucoup de kilometres à vivre à la Panaméricaine sud quand on bifurque à gauche pour faire les 8 kilomètres qui la sépare de Dalcahué. 15 minutes de bac suffisent ensuite pour atteindre l'ile de Quinchao. Au bout de cette ile, on trouve un petit port charmant mais particulierement agité pour sa taille. Dans l'axe de la rue principale se trouve la maigre et longue cale à laquelle sont amarés pas moins de 12 bateaux, à couple, 6 de chaque coté.
De l'autre côté, c'est tout autre chose, l'ile étale ses cultures et ces nombreux villages qui font face à une multitudes d'iles dispersées dans le golfe.
Il ne reste plus beaucoup de kilometres à vivre à la Panaméricaine sud quand on bifurque à gauche pour faire les 8 kilomètres qui la sépare de Dalcahué. 15 minutes de bac suffisent ensuite pour atteindre l'ile de Quinchao. Au bout de cette ile, on trouve un petit port charmant mais particulierement agité pour sa taille. Dans l'axe de la rue principale se trouve la maigre et longue cale à laquelle sont amarés pas moins de 12 bateaux, à couple, 6 de chaque coté.
Sous la petite halle, le marché bat son plein, ca n'arrête pas de rentrer et sortir de ce petit restaurant d'ou s'échape une bonne odeur de poisson grillé et les pousseurs de charettes, eux, ne font jamais un voyage à vide. Au début j'ai pensé à un retour de pêche mais à bien y regarder, ces bateaux ne sont pas des bateaux de pêche. L'agitation continue et on monte et descends sur les bateaux. Sur la cale, les gens commencent à demander l'heure puis on charge de tout: farine, plaques d'agglo, bières, tuyaux, tôles, rouleaux de grillages, patates, paquets de couches... Et comme tout les bateaux sont à couple, on enjambe, on tends les bras, on jete, on rattrape, on tire sur les amares! Je finis donc par engager la conversation avec un des patron de bateaux, qui avec la tête qu'il avait aurait tout aussi bien put être patron pêcheur au Guilvinec!
Tout les lundis et vendredis m'explique-t-il, un bateau de chacune des iles qui se trouvent en face vient à Achao. On y vend se qu'on fait sur son ile, on achète ce qu'on a pas, on fait des papiers à la mairie, on touche la pension des anciens... C'est un bon moment de convivialité et ca permet de se tenir aux nouvelles. La seule chose qui peut venir perturber ce rituel est un gros coup de nord, mais sinon, tout les lundis et vendredis, Achao, petit port d'une petite ile de la Grande Ile de Chiloé devient le centre de toute ces petits bouts de terres dispersés dans le golfe. Et quand approche l'heure de partir, ce joyeux manége prend un tour bien amusant. On envoie les gamins chercher les retardataires pendant que les derniers chargement s'accélerent. Ceux qui étaient á l'heure attendent patiement ou donnent un coup de main à cette pauvre petite grand-mère qui a un peu de mal à lever la jambe assez haut pour embarquer. La pauvre n'est pas au bout de ses peines, son bateau est le troisième en partant de la cale.
Un premier bateau corne, rentre les amares et quelques minutes plus tard, un premier petit groupe de 4 bateaux quitte Achao avant de ce séparer lentement un peu plus loin. Et chacun regagne sa petite ile pour y vivre tranquilement jusqu'à la prochaine visite à Achao...
Il se vit décidement de drôles d'existences sur Chiloé...
Quand à moi j'embarque demain pour 5 heures de traversée entre Quellon, au sud de Chiloé et Chaiten au pied de la cordillière et les épais nuages qui m'ont bien rincés pendant 2 jours et 2 nuits ne sont m'a-t-on dit qu'un sympathique préambule à ce qui m'attends sur la route Australe.
Quand à moi j'embarque demain pour 5 heures de traversée entre Quellon, au sud de Chiloé et Chaiten au pied de la cordillière et les épais nuages qui m'ont bien rincés pendant 2 jours et 2 nuits ne sont m'a-t-on dit qu'un sympathique préambule à ce qui m'attends sur la route Australe.
A bientôt, un peu plus au sud...
9 Comments:
Le bel épisode de cette série découverte du bout du monde a encore ce gout de trop peu, tellement il est captivant. Je me demande toujours où tu vas trouver un PC et internet, à des endroits que l'on imagine dénués de tout "confort moderne". Cela donne un dimension presque magique à ces histoires qui viennent de toi. Tiens prends donc une photo de toi la prochaine fois. Salut l'ami et bon vent. Yves-Marie
Et dire que certains auteurs passent des heures devant des pages blanches pour faire naitre des mondes iventés !!! Ce que tu vit ne pouvait arrivé qu’a cet instant précis comme si depuis longtemps tous ceux que tu rencontres attendaient ta venue.
A plus au Sud
Manu
Oui, Benoît de bien belles histoires que tu nous racontes encore ! Yves-Marie a eu une bonne idée... une photo de toi avec quelques âmes qui vivent sur ces terres, cela nous ferait plaisir, d'autant que tu dois avoir le visage buriné de ces gens qui ne craignent ni le vent,ni la pluie et laissent le soleil caresser leur peau... donc, la prochaine fois nous t'attendons....
gros bisous Benoît, c'est sympa de te suivre ainsi...
Véronique
Oui, ce serait pas mal une photo de toi dans ces paysages.
@+
Patrice du PCC
Bonjour Benoît,J'ai regardé sur mon atlas où se trouve l'île de Chiloe.La suite de ton voyage va être fameuse d'île en île!Je n'imaginais pas cette côte du Pacifique aussi découpée, aussi émiettée.Vas-tu visiter bcp d'îles? Parle nous des couleurs ,des saveurs, de la flore et de la faune de ces petits bouts de terre.Tu pourrais presque donner tes commentaires à Thalassa!
Amitié et bonne route jusqu'au prochain message. Marie CP et famille
salut ben !! ça fait du bien de te lire!!! Pardon je n'ai pas été tres reguliere ces derniers temps... Avec ton recit je decouvre un continent totalement inconnu, Merci !! En lisant tes phrases, je t'entend parler, avec le son de ta voix, ton intonnation... tout... tu me parrait juste à coté l'ami !!
Là tu es sur place à un moment fort de l'histoire du pays... Si tu as des eccho sur ce qu'en disent les gens fait le nous partager svp !! des bisous
a bientôt
carole
Olà amigo, Ca fait plaisir tous ces petits mots qui se mélangent pour nous faire le récit de ce que tu vit. Ca me donne toujours une drole d'impression quand je te lis, j'ai froid quand tes pieds rencontre la neige, j'ai soif quand t'es desperement à la recherche d'ombre et là, je peut te dire que j'avais déjà le goutte au nez avant meme que t'e pris le bateau. Biz Man, fait nous encore rever... SEB-Remy
j'ai l'impression que tu as fait un retour en arriere de quelques dizaines d'année, ca doit être assez impressionnant. Tout le monde sait qu'il existe encore des endroits retrancher dans le monde mais là je dirai que tu racontes la vie des insulaires bretons il y au debut du 20eme siecle.
Bonnne continuation.
PS : je ne sais pas si tu as fait expres mais la remarque "voyager à vide" m'a bien faire rire.
Jannick
Merci pour ce super blog qui nous fait rêver d'amérique et de toi à la fois !
Continu si tu réussis à trouver de quoi écrire et envoyer tes aventures palpitantes dans tes contrées lointaines, ça fait plaisir de te lire et c'est joli.
Mais au fait, il t'arrive jamais de problèmes? tu fais jamais de mauvaise rencontre ( à part la pluie) ?
simon (ton cousin)
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