Au royaume de la pluie...

Chaiten-La Junta-Puerto Aysen-Coyhaique-Cochrane-Villa O'higgins-El Chalten (Argentine)
On me m'avait donc pas menti, mais maintenant, je l'ai vu de mes yeux ce royaume de la pluie qu'est la longue et laborieuse route australe. Mais comment la décrire tant elle est multiple?
Tout commence donc à Chaiten, aprés une magnifique traversée, droit sur ce volcan immense dont la tête se perd dans les nuages, glissant lentement sur une mer d'huile...
La Carretera Australe, m'avait beaucoup fait rêver et je n'ai pas été décu! Alors, c'est sûr, il y a ces longues heures de stop infructeux, avec mon harmonica pour seul compagnon, cette pluie glaciale qui vous claque au visage quand elle est accompagnée de forts coups de vent, les heures de marche, au milieu de cette mauvaise piste ou il ne passe parfois rien pendant des heures et des heures. Les nuits humides et fraiches, ces réveils au son des gouttes qui s'ecrasent sur la tente...
C'est, malgré tout celà un endroit merveilleux qui commence par cette longue vallée qui s'étend sur plus de 200 km, semblant n'avoir ni début ni fin, juste cette lente respiration quand les versants couverts de forêts s'éloignent ou se rapprochent. Il y a ensuite ce col, impressionnant ou la piste devient une trace sur laquelle la végetation, dopée par cette pluie interminable reprendrait bien sa place. Ces fjords majestueux, cernés par des rideaux de pluie et des montagnes inacessibles, les grandes plaines aù delà de Coyhaique... On descent encore, longe l'immense lac du général Carrera puis la piste redevient montagneuse aprés Cochrane. Le long de la carretera s'écoulent les eaux rapides et d'un vert quasiment blanc du Rio Baker.
Les 200 derniers kilométres m'ont paru particuliérement long, sans doute du fait que j'étais dans ce camion de ciment qui, lourdement chargé, n'avancait pas bien vite. Nous avons roulé des heures durant le long de ces lacs qui semblent ne jamais finir, descendant les montagnes debout sur le ralentisseur pour ne pas que le camion s'embale. Quand la nuit est tombé, le chauffeur a jugé plus prudent de s'arrêter là. J'ai donc planté ma tente devant le camion pour une courte nuit. Nous sommes repartis avec le levant, vers 5h du matin. 8 heures de route pour ces 200km et enfin l'arrivée à Villa O'Higgins, fin de la carretera australe, au petit matin ou je ressens comme un étrange soulagement...
Cette piste australe longue de plus de 1000 kilométres relie donc des villages et des hameaux dont certains ne comptent pas plus de 9 maisons, et des fermes qui semble avoir été posé au hasard au milieu de nul part. Auparavant, il n'y avait que des pistes á chevaux et l'on naviguait des heures sur les lacs qui la longe... ainsi ce vieux monsieur m'a expliqué qu'avant la carretera, il partait plus de 20 jours à cheval, avec sa femme pour aller vendre ses bêtes au marché le plus proche! Mais ces villages eux même ne sont pas vieux, pour la plupart, ils ont été crées dans les années 60, reliés au pays par des aérodromes, des petits ports et cette piste à chevaux. Et l'arrivée des hommes dans cette zone de forêt dense ne s'est pas fait sans "dégats colatéraux".
Les nouveaux arrivants ont, pour beaucoup, défrichés par le feux qui leur a parfois échappé.
Voilà comment, il y a 30 ans environ, un feu immense a dévasté deux années durant, une zone de 300 km de long sur 70 km de large d'une forêt native. Et tout au long de la route, on peut voir, dépasser des jeunes forêts, des troncs calcinés, encore debout et d'une taille impressionnante, 30ans aprés avoir été les témoins d'incendies gigantesques!
Et pour tout le monde ou presque ici, cette route, c'est en tout cas celle qu'a construit le Géneral Pinochet. Il compte donc dans ce secteur de nombreux admirateurs qui ne sont apparement pas au courant de tout ce qui s'est passé pendant les sombres années de la dictature. Et le sujet n'est pas facile á aborder car les gens ici, sont plus partagés que je ne l'imaginais sur le sujet. Ainsi, sa mort semble avoir été autant fêtée que pleurée. A l'annonce de sa mort, ont a pu voir, á Santiago, des gens descendre dans les rues en chantant pendant que d'autre se dirigeaient vers l'Hôpital militaire pour lui rendre un dernier "hommage".
On me m'avait donc pas menti, mais maintenant, je l'ai vu de mes yeux ce royaume de la pluie qu'est la longue et laborieuse route australe. Mais comment la décrire tant elle est multiple?
Tout commence donc à Chaiten, aprés une magnifique traversée, droit sur ce volcan immense dont la tête se perd dans les nuages, glissant lentement sur une mer d'huile...
La Carretera Australe, m'avait beaucoup fait rêver et je n'ai pas été décu! Alors, c'est sûr, il y a ces longues heures de stop infructeux, avec mon harmonica pour seul compagnon, cette pluie glaciale qui vous claque au visage quand elle est accompagnée de forts coups de vent, les heures de marche, au milieu de cette mauvaise piste ou il ne passe parfois rien pendant des heures et des heures. Les nuits humides et fraiches, ces réveils au son des gouttes qui s'ecrasent sur la tente...
C'est, malgré tout celà un endroit merveilleux qui commence par cette longue vallée qui s'étend sur plus de 200 km, semblant n'avoir ni début ni fin, juste cette lente respiration quand les versants couverts de forêts s'éloignent ou se rapprochent. Il y a ensuite ce col, impressionnant ou la piste devient une trace sur laquelle la végetation, dopée par cette pluie interminable reprendrait bien sa place. Ces fjords majestueux, cernés par des rideaux de pluie et des montagnes inacessibles, les grandes plaines aù delà de Coyhaique... On descent encore, longe l'immense lac du général Carrera puis la piste redevient montagneuse aprés Cochrane. Le long de la carretera s'écoulent les eaux rapides et d'un vert quasiment blanc du Rio Baker.
Les 200 derniers kilométres m'ont paru particuliérement long, sans doute du fait que j'étais dans ce camion de ciment qui, lourdement chargé, n'avancait pas bien vite. Nous avons roulé des heures durant le long de ces lacs qui semblent ne jamais finir, descendant les montagnes debout sur le ralentisseur pour ne pas que le camion s'embale. Quand la nuit est tombé, le chauffeur a jugé plus prudent de s'arrêter là. J'ai donc planté ma tente devant le camion pour une courte nuit. Nous sommes repartis avec le levant, vers 5h du matin. 8 heures de route pour ces 200km et enfin l'arrivée à Villa O'Higgins, fin de la carretera australe, au petit matin ou je ressens comme un étrange soulagement...
Cette piste australe longue de plus de 1000 kilométres relie donc des villages et des hameaux dont certains ne comptent pas plus de 9 maisons, et des fermes qui semble avoir été posé au hasard au milieu de nul part. Auparavant, il n'y avait que des pistes á chevaux et l'on naviguait des heures sur les lacs qui la longe... ainsi ce vieux monsieur m'a expliqué qu'avant la carretera, il partait plus de 20 jours à cheval, avec sa femme pour aller vendre ses bêtes au marché le plus proche! Mais ces villages eux même ne sont pas vieux, pour la plupart, ils ont été crées dans les années 60, reliés au pays par des aérodromes, des petits ports et cette piste à chevaux. Et l'arrivée des hommes dans cette zone de forêt dense ne s'est pas fait sans "dégats colatéraux".
Les nouveaux arrivants ont, pour beaucoup, défrichés par le feux qui leur a parfois échappé.
Voilà comment, il y a 30 ans environ, un feu immense a dévasté deux années durant, une zone de 300 km de long sur 70 km de large d'une forêt native. Et tout au long de la route, on peut voir, dépasser des jeunes forêts, des troncs calcinés, encore debout et d'une taille impressionnante, 30ans aprés avoir été les témoins d'incendies gigantesques!
Et pour tout le monde ou presque ici, cette route, c'est en tout cas celle qu'a construit le Géneral Pinochet. Il compte donc dans ce secteur de nombreux admirateurs qui ne sont apparement pas au courant de tout ce qui s'est passé pendant les sombres années de la dictature. Et le sujet n'est pas facile á aborder car les gens ici, sont plus partagés que je ne l'imaginais sur le sujet. Ainsi, sa mort semble avoir été autant fêtée que pleurée. A l'annonce de sa mort, ont a pu voir, á Santiago, des gens descendre dans les rues en chantant pendant que d'autre se dirigeaient vers l'Hôpital militaire pour lui rendre un dernier "hommage".
Il n'y avait pas beaucoup de voix au Chili pour regretter qu'un dictateur ait pu mourir sans avoir connu ni les bancs des tribunaux, ni la prison, ni l'exil, lui qui a fait assasinner, torturer, condamner á l'exil tant de ces concitoyens.
Ils sont par contre nombreux ceux qui le remercie d'avoir été le celui qui a transformé le Chili en un pays moderne et à l'économie bien portante. Ces gens là n'ont pas du visiter le même pays que moi et ils n'ont pas vu ces chiliens qui se tuent á la tache, travaillant plus 45h par semaine, dans des conditions qui serait chez nous innaceptables, pour un salaire qui leur permet de nourrir leur famille car l'économie de la débrouille fonctionne bien. Je ne suis pas sur qu'on ait à remercier ce général quand on voit ce pays ou les écarts entre les plus riches et les plus pauvres sont d'une telle importance.
De mon coté, j'ai quitté le Chili par le Lac O'Higgins, rejoingnant l'Argentine par la forêt et laissant à l'ouest le Campo de Hielo Sur et ce pays qui s'émmiette en des multitudes d'îles baignées par les canaux de Patagonie. Je descends en Argentine pour retrouver le Chili dans quelques jours à Puerto Natales... admetez que c'est tout à fait approprié pour passer noël.
De mon coté, j'ai quitté le Chili par le Lac O'Higgins, rejoingnant l'Argentine par la forêt et laissant à l'ouest le Campo de Hielo Sur et ce pays qui s'émmiette en des multitudes d'îles baignées par les canaux de Patagonie. Je descends en Argentine pour retrouver le Chili dans quelques jours à Puerto Natales... admetez que c'est tout à fait approprié pour passer noël.
8 Comments:
La photo, sans toi !, et le texte permettent de mieux ressentir ce que tu découvres que la carte relativement détaillée du Chili et le guide du routard. Même s'ils permettent de situer ta progression.
Bonne continuation avec du soleil! Catherine et Jean Louis
Eh oui, toujours pas de photo de moi, mais je n'oublie pas la demande et j'y pense pour la prochaine fois. Toujours pas de mauvaises rencontres et j'ai retrouvé le soleil coté Argentin
Trop bien ! tu joues de l'harmonica en plus ! T'es un vrai baroudeur comme dans les livres décidément!
Simon
Joli conte de Noël, Benoït ! je fais un peu court ici aujourd'hui, je serais plus prolixe sur ton adresse perso... le 24... car il me semble qu'un maillon de plus va venir s'ajouter à la chaîne de ta vie...
Je t'embrasse très fort.
Tata Véro... rires
Plein de bons voeux chaleureux pour Noël! (je pense que tu dois aspirer à garder le soleil ainsi que des cds de vie moins difficiles!)J'essaie d'anticiper ton prochain message en imaginant les rencontres que tu feras le jour de Noël: je te les souhaite riches , dépaysantes et étonnantes.Comment va ta santé? Pas trop fatigué?
Bonne route Benoît. Pensées amicales
Marie CP
Merci bien pour ces voeux qui font bien d'être un peu en avance car je pars demain pour 8 jours de rando dans le parc de Torres del Paine! Je passerais donc la veillée de noël dans la montagne et au chaud dans mon duvet car ici il fait bien froid malgré l'été.
Joyeux noël chez vous
Mon cher benoit
nous voila bien si tu scratch mes messages, tu aurais dû m'emmener avec toi, j'aurais fait le secrétaire, le cuistot, le journaliste, bref tu aurais été Philéas Fogg, j'aurais été Jean Passepartout. Et oui, je suis toujours friand de métaphores(qui plaisent à tata Véro,ptit bonjour au passage), mais ton épopée m'y fait penser, moi qui aimait Jules Verne adolescent, parce qu'il me faisait voyager dans ses écritures...
A bientôt et Joyeux Noël à toute la communauté et dites vous pour l'année prochaine que les rêves sont fait pour être réalisés, en voila la preuve.
Yves-Marie
salut benoit.je te donne des nouvelles de tes amis dinardais.car c'est aussi important pour le moral d'en donner que d'en recevoir des autres. alors voila, nous allons passer le réveillon chez morganne en bord de rance a mordreuc exactement,ton frere sera parmis nous, isa également.bene elle réembarque sur la britannie le 31...Francois lui se taille sur Lyon avec des potes de marine...La rhumerie de dinard tient toujours debout et a fiere allure;son DOUM-DOUM aussi.notre mouloud national lui est toujours taquè et tente en ce moment de se faire filmer en pere noel en train de naviguer...une chose est sure, nous penserons une fois de plus a toi. Je suis sincerement jaloux de tes yeux mais en meme temps tres admiratif. a bientot benoit.
MATTHIEU LE PAGE.
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